Dans les brumes de son parfum je me suis enfoncé plus loin que l’horizon. Mes doigts se sont agrippés à des effluves escarpés et j'ai dérivé amer et frissonnant. Mes yeux ont perdu pied et j'ai glissé comme une ombre sur un mur brisé. Depuis les abîmes de son corps j'ai affronté des vagues de douceur et des tempêtes de caresses. Plongé dans l'ivresse de sa bouche je reprenais goût à l'envie de l'entendre me susurrer des gentillesses.
J'ai compris plus tard que son cri serait le dernier de son amour. J’entendais son cœur battre et ses mains me serrer les bras. Une onde sauvage m’a emporté me laissant détruit et gisant dans les flammes étoilées. Le froid s'est abattu sur nous, laissant des perles salées tacher nos ardeurs encore chaudes. Les senteurs fruitées parsèment les rondeurs ardentes et brisées de notre entente nouvelle.
Je sors dans la nuit, humer l’air serein et calme. Son visage se cache dans mon regard grisé. Parmi toutes ces étoiles, celle de Zeta me rappelle qui je suis. Comme elle j’ai un double, un miroir, une goutte d'eau.
Dans ma tête c’est le chaos. Et dans le ciel une explosion de couleurs teinte mon visage. Une image s'imprime sur ma rétine. Je revois ma planète. Des nuages effilochés tombent dans un océan de poussières filantes. Depuis mon observatoire je devine des nébuleuses géantes grimaçant d’incertitude et gravissant sans cesse autour de ma personne.
Aujourd'hui je suis ici demain je serai là bas.
Entre les deux un monde, à l’intérieur elle.
Mon double me regarde de l'autre côté du miroir.
Et si cet espace de verre venait à se briser, serais-je moi aussi prisonnier du temps ?
Incapable de décider lequel de nous sera celui qui mènera la danse. Celui qui s'envolera rejoindre les étoiles et fera le tour de l'univers, perdu dans les méandres du temps. Nageant avec les comètes et flottant pris entre des poussières et des météorites. Devenant à son tour un point dans la nuit.
J'émerge de mon sommeil, je suis seul, vidé et assoiffé. Une main se pose sur mon épaule et m’entraîne à la recherche du temps perdu. Je me noie de nouveau et repars faire un tour du coté de chez moi.