jeudi 30 août 2018

Papillon

C’est quand je suis tombé que j'ai eu mal. Si fort que ma bouche n’arrivait à ne sortir aucuns sons. La douleur sourde entravait mes membres et l’angoisse étreignait ma peau grimaçante. J’avançais dans un noir plus profond que la nuit la plus froide. L'air glacé s'échappait de mes poumons tristes et abattus.

Je découvrais que jamais je ne pourrais oublier ce sourire, morceaux de vie, entrelaçant les vestiges d'une rencontre délicate et délicieuse. J'avais construit des remparts de cristal entre le monde et cet avenir lumineux. Des caresses de désir nous faisaient voyager de dunes en montagnes. Tels des papillons exotiques nous dansions enivrés par des effluves miroitants de légèreté.

Aveuglés par cette tendresse soudaine nous avancions à pas de géant vers l'inconnu infini. Et dans le doute inhabité nous déplacions des espaces scintillants de poussière étoilée.

Cette sagesse tardive m'a sauvagement agrippé au point d'étendre son emprise sur nos jeunes corps insouciants. Sentant le mal apparaître comme une épine dans le pied j'ai fermé les yeux pour le faire disparaître. Mais il était déjà trop tard.

Le ciel s'est assombri et les cris sont apparus. Lancinants et grinçants j'ai entendu une vague maligne glisser sur mon oreille. Une tempête orageuse a ravagé nos ailes et coupé nos envies, nous éloignant de notre dessein premier.

Les vagues hurlaient et chevauchaient des lames brisantes et frénétiques. Je ne reconnaissais plus ma terre d’exploration. La purée de pois nous faisait dévier de notre imaginaire commun.

Ce jour-là j’ai su que j'aurais peur de la solitude.

Perdu dans ma tête je nourrissais l'espoir de nous retrouver ensemble. Mais il faut croire que le temps avait d’autres projets pour nous. J'ai espéré qu'elle ne partirait pas sans moi.

Et je me suis relevé, seul, muré dans un imaginaire qui n’était pas le nôtre. J’attends avec impatience de la revoir.

La folie, ça maintient en vie même si je ne le suis plus… perdu dans mes cauchemars et ma détresse je rêve que je ne suis plus vivant et pourtant je ne perds pas espoir de la retrouver.

Ma vie d'avant….

Blanche nuit

Je me suis retrouvé prisonnier de sa passion lorsque qu'elle n’était plus là. Je me repassais sans cesse ces morceaux effilochés faisant résonner ma bulle de verre. Leurs sons provoquaient des éclats de lumière sourds. J'entrevoyais les instants de répit comme une torture grinçante ravivant une douleur enfouie. Je sombrais petit à petit dans l’insolence dénaturée. Ma tête bourdonnait et mes mains tremblaient. Coincé entre deux gouffres mes sens dérivaient à l'agonie.

Je cherchais mes mots, haletant, sentant l’amertume citronnée me piquer les yeux. J’étais effondré, suffoquant, ébahi par tant de solitude enivrante.

L’odeur de sa peau n’était plus qu'un reflet envahissant de la douceur ampoulée de ses mains délicates. Son souffle sensuel me faisait trembler par son absence subtile.

J’étais prisonnier de sa tendresse manichéenne. Sa bouche futile embrasait l’atmosphère caressante et rosée. Pris d'une subite délivrance elle enroula sa langue autour de mon cœur et aspira la liqueur ombrée.

Ses dents croquèrent la lumière du soleil et ma peau se recroquevilla sur mes os. Le dessin de sa marque féline me marqua désespérément et l'air me manqua. Je m'enfonçais dans les limbes poissonneux de ses sentiments voraces.

Le noir entraîna mon naufrage amoureux et me laissa sans vie sur une plage ruisselante. Le ressac chatouillait mes espoirs d’entendre la musique léchée du vent capricieux.

Je me suis réveillé, à bout de souffle, après une opération à cœur ouvert. Je buvais les paroles et dévorait les silences inquiets. La lumière crue mais enthousiaste m'embrassait de son aura poignante. J'avais faim de la revoir et d’entendre ses seins me murmurer les senteurs printanières.

Elle est venue et me regarde de ses yeux vides mais présents. Elle n'a pas besoin de me voir pour me montrer son amour.

Elle est là et je la vois telle qu’elle est…