samedi 16 septembre 2023

Du sable dans l'eau

 Il la regardait avec ses yeux d’enfant. Quand il sera grand il pourra danser dans son cœur et déposer des papillons sur son ventre. Lui faire découvrir le monde tel qu’il le voit. Des grains de sable en forme de châteaux. Des milliers d’étoiles suspendues à ses lèvres pour faire briller le ciel teinté de larmes orangées. Une infinité de douceurs en couleurs. Sa peau, façonnée par le vent, s’élève en tours immuables dominant l’horizon nourrissant la mer dans une lente agonie. Elle s’enfonce au son des vagues et du roulis dans un chant lointain venu d’ailleurs. 

J’ai longtemps pensé que je ne serais jamais pour elle mais je me trompais. Elle m’a accueilli les yeux noyés de larmes ancestrales pour ne jamais me laisser partir. J’ai suffoqué, apercevant ma fin poindre. La lumière à la surface laissait place au noir des profondeurs pendant que je coulais, doucement mais inexorablement.  


J’avais froid après l’euphorie grisante de sa découverte. Et soudain, je ne vis plus de lumière, que du noir tout autour de moi. Mon cœur battait lentement.  


Je fus surpris d’être vivant, que la pression ne m’ait pas écrasé, malgré la distance. 


Et c’est à cet instant que je l’ai entendu. Un son ou plutôt un chant venu de loin, ondulant au fil de l’eau. Je le sentais se rapprocher, amenant des effluves de senteurs de fleurs sous marines luminescentes.  


Elle m’est apparue enfin, devant mes yeux ébahis de voir une créature se tenir bien droite. Une sirène, celle de mes rêves, qui hante mes pensées les plus folles.  


Ses grands yeux effilés améthyste, une peau entre le bleu sombre et le violet, des petites nageoires sur les avant-bras et le haut de son dos et, surtout, une queue, bleutée recouverte d’écailles à peine brillantes. J’en eus le souffle coupé. Enfin, façon de parler. 


Ses mains, aux ongles semblables à des griffes tenaient une sorte de lance à la pointe tranchante. Après m’avoir longuement dévisagé elle s’approcha de moi, plongeant son regard abyssal dans le mien.  


C’est ici que j’ai perdu connaissance…