Elle me protège des maux anachroniques, faisant craquer les endroits trop fragiles. Elle vit de ma souffrance et se repaît de mes sommeils verglaçants qui me laissent parfois de glace. Elle creuse sans répit des sillons amères ressemblant à des entailles. Elle arrache sans cesse des morceaux de moi les laissant s’éparpiller et voleter dans une atmosphère lourde. Je sais que je ne peux vivre sans elle et pourtant je ne peux me résigner à la laisser faire de moi l’objet de ses délices.
Je la porte parfois comme un fardeau incapable de danser telle une poussière d’étoile. Le vent m’entraîne dans des lieux qui ne chantent que lorsque la pierre pleure. Elle pèse de tout son poids sur ma personne et me coupe le souffle chaque fois que je veux l'aider à avancer plus loin que l’horizon de mes yeux. Jamais le soleil ne m'a autant brûlé mais j'ai supporté la douleur parce que je devais me montrer aussi fort que le sable centenaire. J’ai senti mes pieds se couper et perdre ce précieux liquide, celui qui teinte la mort de son sourire.
Je suis las d’être dans ce cercueil de verre entourant mes idées savoureuses et délicieuses. Je vois que le temps ne me laisse pas mener mon destin tel que je le voudrais. Il dessine sur moi le naufrage de ma vie et je ne peux que respirer en souvenir de ces vertes années. Mes os craquent et me rappellent que je suis toujours là. Immobile, humant l’air fissuré, inquiet de n’être plus qu'un souffle à bout. Je sens ma bouche vide chercher une goutte d’amertume et se remplir d'odeurs poisseuses. Une larme coule, traçant sans le vouloir une longue plainte de désirs enchantés. Elle glisse ivre et caressante les creux imparfaits de cette amie si longtemps bafouée.
Tu es belle, et certainement pas aussi parfaite mais je compte sur toi autant que toi sur moi.
Merci ma peau
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