Dans les rues de Paris, j’ai senti des volutes de courbes entourer mon esprit volatile. Des senteurs parfumées embaumaient la grisaille matinale. Les formes acérées de Vasarely m'emportaient dans un univers de cubes cosmiques. Son travail précis distillait çà et là des couleurs métamorphosées empreintes d'ombres et de lumières. Mes sens se perdaient dans les méandres opaques des œuvres lisses et ondulantes.
Au détour d'un mur, une femme posa son regard clair sur moi. Mes pieds montèrent sur la terrasse ouverte et je plongeai dans un tourbillon de cercles concentriques. Au-dessus des toits de la ville mon cœur brisé s'éparpilla aux vents rosés.
Je tombai dans les bras de cette inconnue, inanimé. Des lambeaux de mon âme effilochée s'engouffrèrent dans son cri de surprise.
Les formes géométriques me poursuivaient, leurs musiques complexes griffaient ma peau sur un air déchirant.
Sur la place Beaubourg j'entendis les plaintes silencieuses de la fontaine desséchée. Sa verve ne caresse plus les yeux des passants de sa splendeur immergée. Les larmes de Stravinsky ne souillent plus de leur légèreté les joues émerveillées. Sa liqueur a cessé de faire danser les étoiles dans les pupilles dilatées. Lafontaine pleure de ne plus être d’eau.
Je suis le cours de la Seine, au loin un chant me rappelle que l’air ne souffle plus les chandelles. De pas en pas dans le Marais je me retrouve aux Lilas, suspendu entre le temps et l'espace. D'être un instant pris entre le vivant et le calme.
Cette découverte du monde m'entoure et me ramène là où je suis né, nu, entre le beau et l’être.
Histoire de passer, un temps, une journée, une vie.
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