samedi 11 juillet 2020

J'aime être

Le bruit de mes pas m’a conduit ici, devant cette porteJ’hésite à franchir le point de non retour.  

J'ai aimé voir les rayons du soleil se perdre dans les brumes hivernales des plaines glacées de l’Est de la Russie.  

J'ai aimé sentir la main d’une femme caresser mes cheveux au réveil. 

J'ai aimé découvrir de nouveaux lieux, loin des grandes villes. Libres de toutes tentations, la seule étant de vivre et de profiter d’être avec soi-même 

J'ai aimé danser avec une inconnue aux yeux verts. Sentir ses hanches sous mes mains et l'embrasser dans le cou avant de m’envoler vers une autre destination.  

J’ai aimé connaître l'ivresse des grands oiseaux dans le ciel avant de toucher terre. 

J’ai aimé défier les océans, me battre contre les vagues déchirantes et perdre mes forces avant d’échouer, entre deux flots, sur une plage seul avec moi-même.  

J'ai adoré faire des courses de bolides sauvages dans les rues sinueuses sur les hauteurs de Los Angeles. Le soleil, la vitesse et l’erreur impardonnable que l'on redoute.  

J'ai adoré découvrir des inconnues au détour d'une phrase, entretenir quelque chose qui durera un temps ou deux.  

J'ai adoré traverser le Japon. Le tumulte des grandes villes, la vie en lumières à toutes heures avant la douceur des villages reculés.  

Me surprendre à tomber sous le charme des cerisiers en fleurs. Sentir la douceur des pétales effleurer ma peau. 

J’aurais aimé embrasser une femme, encore. Voir dans ses yeux le plaisir d’être ensemble.  

Quand on est mort on est libre mais avant d’être libre on est en vie.  

Derrière cette porte se déroule mon enterrement. 

Officiellement je suis mort. 

Mais officieusement je suis en vie.  


J'aime être libre.  

  

La Luciole & Sakura, conte à deux voix


Sakura, la découverte


Je suis là, immobile, face à cette fenêtre. Je regarde les arbres en fleur illuminer le ciel de leurs pétales. Ce spectacle dansant me ferait presque pleurer si je le pouvais.

Avec impatience, j’attends mon amie. Elle ne sort que la nuit. Chaque fois que je la vois je sens une indicible joie me transporter. Je m'évade avec elle vers des lieux qui me sont inconnus. Une légèreté s’empare de mon corps, virevoltant parmi les nuages et me rapprochant un peu plus près des étoiles.
J’aimerais quitter ce lit, vivre et respirer un autre air que celui de cette chambre morne et aseptisée. Ces murs blancs me rappellent sans cesse que je suis prisonnier de moi. Enfermé dans cette prison insensible, incapable de bouger et de ressentir.

Mon amie la luciole, va bientôt arriver. Me délivrer, un court instant, de ce cercueil de verre. Sa lumière transperce ma rétine et fait voler des papillons aux couleurs chatoyantes. Je m'envole, ivre d'amères illusions, emporté par l'envie d’être. Et demain, tout recommencera.

Juste être encore une fois…

Luciole


Chaque soir je passe voir et veiller sur mon ami. De ma petite lueur chaque soir je fissure la glace. Avec ferveur je m’obstine, je ne lâcherai pas ce combat tenace. Une imperceptible brèche vient de s'insinuer. Alors furtivement, son âme se faufile et me rejoint. Je suis en liesse, je tourbillonne de toute part, mon ami m'accompagne, prêt pour le grand départ.

Nous traversons ensemble nos rêves les plus fous, laissant sur notre passage l’incomparable fragrance du cerisier en fleur. Chaque minute est un infini bonheur. A la dernière lueur tu t'en dois retourner auprès de cet autre toi, ce corps figé. Je t'accompagne et sois sûr mon ami que je ne serai pas bien loin.
Tes mots sont tellement doux, tes mots sont tellement forts que même lorsqu’ils nous glacent on les aime plus fort. Je voudrais te savoir heureux dans ce corps qui te fige. Je voudrais que tu te voies tel que tes mots te disent.

La brèche ne se referme pas, un vent aventureux se pose sur ta joue et te murmure à l’oreille mille et une facétie. Déjà ton œil frise et ta bouche dessine le plus beau des sourires, Sakura tu reprends goût à la vie. Nous partirons ensemble à chaque fois que tu as envie de bercer de nos poèmes la douceur de la nuit.

Et moi Luciole ton amie, c’est avec toi que je luis.

Sakura, la chevauchée


Maintenant que la glace est brisée, entre nous, les choses me paraissent plus éclatantes. J’aspire à mieux la connaître. Mon cœur s'emballe et mon esprit ne s'est jamais fait aussi aérien.

Je m’envole dans les airs et ma joie ne s'efface que lorsque notre chevauchée touche à sa fin. Je suis ma lueur à travers les champs de lavande et les senteurs qui s'en dégagent me font tourner la tête.

Telles deux valkyries nous fonçons à perdre haleine dans les hautes herbes. Et, quand, l'heure de nous quitter se rapproche nous nous arrêtons à l'ombre d'un cerisier. Et là, dans l'aurore naissante je vois le ciel irisé empourprer les joues de mon amie.

Dans ses yeux, une étincelle de bonheur naît, faisant perler une goutte amère de rosée.

Car, si je m'évanouis chaque matin, elle, reluit de douceur chaque nuit. À bientôt mon amie.

Luciole


Sakura s’en est retourné dans sa cage de verre, Je vais me reposer et attendre avec impatience que la nuit vienne me cueillir. Je somnole et je m’impatiente que la nuit revienne : j’ai une si belle idée à exposer à mon ami. Je rêve de découvrir avec lui un endroit si incroyable que je ne sais s'il est vrai, je lui en parlerai ce soir.

En attendant, il me faut bien dormir. Je me love dans les pétales d’une orchidée près du lit de verre de mon ami en attendant la nuit.

La nuit m’a cueillie quand j’ai ouvert les yeux, j’étais reposée et je scintillais de mille feux. Assise sur le rebord de la brèche je l’ai vu arriver. Il s’est faufilé et nous sommes partis virevolter légers et heureux de s’être retrouvés. Nous nous posons à l’ombre de notre cerisier. On s’ébroue amusés des poussières de lavande que nous avons happées et dont la douce odeur vient accompagner celle du cerisier.

Je lui expose alors ma nouvelle idée : quelque chose d’incroyable dont j’ai toujours rêvé : traverser le mur des songes dont on m’a tant parlé. J’imagine que nous sommes en partance, lui et moi prêts à amarrer. Et nous voilà partis…


Sakura


Je suis partant mais j'ai un peu peur de ce qu'il risque de nous arriver. Je ne veux pas perdre ma lueur, celle qui fait battre mon cœur si fort que je l’entends dans mes escapades. Le mur des songes, qu’est-ce donc ? Un songe, c’est un rêve. Et un rêve ça n’existe pas. Déjà que je n'existe que lorsque je ne suis pas à l’intérieur de moi. Et si c’était un aller sans retour… De quoi ai-je peur au fond ? Ne suis-je pas avec mon intrépide amie, celle qui n'a pas froid aux yeux et dont la lumière intérieure réchauffe mes sens endormis. Je ne puis risquer d’être séparé de celle qui illumine mes nuits et fait briller mes yeux.

Et puis, si je m’évanouis chaque nuit un jour je serai peut-être au paradis, à guetter la lueur de mon amie venue vérifier la véracité des songes….

Luciole, le pays des songes


Sakura mon ami, Je me sens tellement vivante auprès de toi que j’en ai oublié le danger. Ce mur des songes pourrait peut-être, il est vrai, t’effacer de ma vie et de cela je ne veux à aucun prix. Moi, par contre Je pourrais peut-être traverser le mur des songes et en revenir pour tout te raconter. J’irai de jour pour ne pas rater une seule seconde de nos merveilleuses nuits. Je suis une luciole, par essence je guide les égarés dans la nuit. Si je traverse assez tôt le jour, je pourrai vite revenir pour tout te raconter.

Aimerais-tu cela Sakura mon ami ?

Sakura


Pendant que je rêverai, tu seras seule à faire le mur et te retrouver de l'autre côté du miroir. Peut-être, pourras-tu me voir perdu dans mes songes à rêver de nos folles nuits. À s'exploser le cœur et les sens, repousser les limites du réel et plonger tête la première dans notre espace.

Pris entre deux réalités je m'enfonce à la limite de mes envies, bercé par ta douce lueur me rappelant que je ne suis que lorsque tu luis. Et si je te suis c'est parce que tu ne me fuis pas. Au contraire, tu recherches une présence que pourront baigner et entourer la douceur et l'ivresse de ton essence...

Reviens vite mon amie, me raconter ton voyage pendant que je garde ma forteresse ébréchée d'une main aux senteurs de lavande...

Luciole


Si je tarde à revenir appelle moi dans tes songes. La double étoile en toi reluit, m'émerveille et ma lueur s'amplifie à l'idée de te revoir bientôt. Mais le jour va bientôt se lever et tu regagnes ta brèche.

Je reviendrai cette nuit sinon rêve fort de moi, mon ami Sakura.

Sakura


Comment puis-je rêver de toi alors que je peux te voir et sentir ta chaleur irradier mon être. Je me réchauffe à tes côtés pendant que le vent de nos promenades fait tourbillonner mes sens en éveil. Ne me dis pas de rêver de toi, je veux être avec toi. Bientôt nous nous retrouverons mais pas encore... Sois sûre que je ne quitterai pas cette enveloppe sans que tu ne sois là, à briller d'impatience.

Car si l'envie me manque je préfère rester de l'autre côté du mur...à rêver de nos nuits mon amie...

Luciole, le départ


Alors je suis partie au petit jour imprimant dans ma rétine émue cette âme merveilleuse. J'ai dormi un peu dans mon hôte orchidée et lorsque le carillon a sonné, je me suis aventurée dans la contrée du mur des songes. Après des tentatives infructueuses, j'ai vidé mon esprit et j'ai pu traverser ce mur infini. Je suis arrivée devant un champ où des portes de toutes sortes se dressaient : Il y avait celle des rêves éveillés, celle des siestes, celle des inconscients etc. j'ai choisi celle des rêves de la nuit tombée. J'y ai vu des scènes que je m'évertuais de mémoriser pour les raconter à mon ami Sakura. Dans une bulle en nuage je voyais le rêveur et devant moi le rêve se dérouler comme un film en direct. Lorsqu'il y avait des monstres, je soufflais sur ma lueur pour être sûre qu'elle était bien assoupie.

ll y avait ces rêves drôles comme ce sconse qui se rêvait parfum, je voyais aussi des gens malheureux qui revivaient en rêve des scènes de charniers. Celui, en rêve plus chanceux, qui rêvait que celle dont il était épris le remarquait. Celui qui rêvait de courir alors qu'il n'avait jamais pu le faire... Je passais et les sphères s'éclairaient. Je ne choisissais pas. Puis j'ai vu la part de toi figée qui rêvait de... Je ne peux le dire, sans sentir mes joues s'empourprer : Il rêvait d'une femme, ton autre toi figé en était fou...Il était auprès d’elle et… la suite je ne puis la raconter. Je me suis sentie gênée et me suis vite éclipsée. Me suis-je imaginée qu'elle me ressemblait ? Ce serait trop impudique de conter cela à mon ami. Je n'avais aucune notion de l'heure mais j'avais envie de partir de cet endroit, le jour devait tomber car je m'impatientai de retrouver au plus vite mon ami Sakura.

Je m’apprêtais donc retraverser le mur des songes pour repartir, j'avais vidé mes pensées et malgré toutes mes tentatives, je ne parvenais pas à sortir. C'est alors que le désespoir me prit : j'allais rater mon rendez-vous avec mon ami. Je l'ai alors invoqué en vain. Il fallait que je l'appelle en rêve...

Sakura, où es tu mon amie ?

Cette nuit -là je t'ai attendue mais tu n'es pas venue. Je guettais ta lueur pour sortir de ma prison mais point de jaune orange à l'horizon. J'espérais qu'il ne te soit rien arrivé de grave. Quelle idée aussi de vouloir aller se perdre parmi les songes du monde. Et dans ce corps immobile je me suis surpris à penser à quelle femme tu pourrais ressembler si tu en étais une. Quel genre de femme pourrait avoir un cœur en or en plus de joues pourpres. Dans un effort fébrile et inhabituel j'ai tourné mes yeux dans la direction de l'orchidée. Avec un espoir indéfini peut-être que tu dormais encore lovée entre les pétales. Mais non, je n'apercevais pas ta lueur. Tu étais partie, et tu m'avais déjà oublié préférant l'ivresse des films de rêves à ceux des souvenirs. J'étais déçu et triste. Cette nuit-là j'ai essayé de refermer la brèche synonyme de panser mes blessures. Mon cœur était atteint et lui n'est pas de glace.

Où es-tu mon amie, ne me laisse pas...

Pour rien au monde tu n'aurais manqué un de nos précieux rendez-vous. Que t'est-il arrivé ? Tu sais que sans toi je ne suis pas moi. Mais l'inverse est que toi tu brilles toujours autant avec ou sans moi. Ce serait vraiment incroyable que j'aie une influence sur ta brillance.

Avec toutes ces réflexions et cette attente je me suis effondré au pays des songes d'un coup. Game over. Seule ma poitrine se soulevait à chaque souffle signifiant que j'étais toujours là....

Luciole


Dans le pays des songes, je t'ai vu mon ami. Ne ferme pas la brèche, ma lueur me revient parce que je pense à toi et que tu penses à moi. C'est une tâche ardue que de traverser ce mur, comme ce l'était pour te faire une brèche dans la glace, mais jamais je ne m'arrêterai fut-ce mon dernier combat. L'enjeu est trop grand, ton soutien m'est vital, ne te décourage pas, continue de rêver intensément, éperdument ce ne sera jamais trop fort. Je me sens glisser très doucement à tes côtés. Ne t 'impatiente pas, je trouve déjà trop long de n'être pas là déjà. Prépare-moi une petite place dans ton armure figée, nous en sortirons ensemble la nuit prochaine par la brèche que tu auras laissée. Je refuse ce funeste game over. A quoi cela sert de briller si tu n’es pas à mes côtés.

Les songes t'ont révélé que j'avais vu ton rêve sans l'avoir cherché. Si tu étais luciole tu scintillerais telle l'améthyste sans qu'elle te protège de l'ivresse d'être heureux.

Sakura, le retour


Au pays des songes, je t'ai trouvée essayant vainement de passer le mur. Tu avais l'air triste mais tu n'étais pas abattue. Pas encore. J'ai rêvé de toi, passant le mur et te faufilant entre les branches de lavande. Histoire d'avoir une odeur te rappelant nos souffles extasiés, surfant sur les vagues de l'ivresse. J'ai rêvé si fort de toi que tu m'es apparue, illuminant nos larmes de joie de s'être retrouvés. Une nuit me manque et tout est dépeuplé. Promets-moi de m'emmener avec toi, je ne veux plus passer une nuit sans toi, à me morfondre dans cette obscurité et ce silence tristes. Aujourd'hui je t'ai sauvée mais les autres jours tu me sauveras de moi. Maintenant je vais me réveiller et je compte sur toi pour venir me raconter les images de ton périple.
Si j’étais une luciole je n'aurais pas à apprendre le langage des fleurs pour t'apprécier et te faire découvrir mon univers... Parce que si j’étais une fleur je serais l'orchidée pour t'avoir lovée entre mes pétales t'entendre rêver...

Luciole, les retrouvailles


Je suis si fatiguée de cette traversée, le mur des songes est enfin dépassé. Que le chemin semble long jusqu'à mon orchidée. Je fonce sans réfléchir, je dormirai bien assez plus tard. Puis je suis enfin arrivée. Le blanc de la chambre traversé, la partie de toi figée semble m'attendre aussi. Je m'endors dans les pétales de ma douce orchidée m'imaginant que c'est toi qui me tiens bien lovée. La nuit arrive enfin, mon cœur bat à en éclater tant j'ai hâte de te voir mon ami. Tu sors de ta brèche et je passe des nuits entières à tout te raconter, nous philosophons sur ces rêves que j'ai pu te conter, tu me racontes les tiens de ta partie figée.

Sous le ciel étoilé, nous savourons ensemble nos nuits dédiées à nos liesses d'éternité.

Sakura


Je suis bien content de t'avoir retrouvée mon amie. Tu as vu tellement de choses incroyables que tu ne t'arrêtes pas de parler. Et lorsque tu es emportée par ton élan de narration tes yeux brillent d'une joie et ton corps resplendit de cette couleur qui te caractérise. Par contre je me pose une question, que se passera-t-il si un jour je me réveille et que mon esprit ne puisse plus te retrouver chaque nuit ? Que deviendras-tu sans moi pour foncer dans la nuit illuminée par ta lumière intérieure ? En attendant de n'avoir pas encore de réponse à cette question je me repais de ta voix si enthousiaste et de ta douceur naturelle. Je te raconte le rêve que j'ai fait de toi si tu étais une femme. Tu baisses le regard, me révélant à voix basse, que tu as vu celle que mon autre moi imaginait. Ta pudeur faisant ton charme enchante mes pensées les plus folles, me réjouissant d'avoir une amie telle que toi.

Et sous le regard bienveillant de Zeta, nous laissons nos cœurs battre à l'unisson le temps d'une nuit...

Luciole


Quand tu te réveilleras, nous aurons toujours nos nuits. Si la femme des rêves de ton toi réconcilié à ta partie figée ne vous prend pas tout entier, peut-être nous laissera-t-elle notre si douce liberté améthyste. Nous pourrons dès lors, nous évader la nuit, ton âme et moi, je te raccompagnerai alors, pour que tu puisses ensuite reprendre le cours de ta vie. Elle, tu pourras l'aimer et la toucher de tout ton être. Je suis ton amie et c'est le vrai et seul vœu que je peux formuler.

La bienveillance de Zeta reste là pour nous, ô mon doux ami.

Sakura


En attendant je comate. Je ne sais pas ce que la vie me réserve. Mais une seule nuit passée sans te voir ni même t’écouter m'est impossible à imaginer. Je sais bien que tu devras éblouir sans moi. Je sais aussi que tes larmes éprises de liberté embelliront les champs de lavande dans lesquels nous avons l'habitude de parcourir à toute volée. Mais un jour tu ne te retourneras pas, guettant ma présence au détour d'un cerisier en fleur. Tu sais que je ne pourrai t'abandonner de mon plein gré. Mais un jour, mon rêve de vivre en tant qu'homme ne sera plus un espoir mais un réel et cruel moment à partager sans toi. Tu es celle qui fait voler des papillons dans mes yeux et chasse mes idées noires le temps d'un souffle. Au gré de mes pas, j'ai senti la brume nue enchanter les danses améthyste des fleurs.

Ne m'oublie pas...

Luciole, l'éveil


Nous sommes donc revenus de l'une de nos merveilleuses traversées. Je suis retournée dormir dans mon orchidée, Sakura a rejoint son autre figé. J'ai été surprise peu après d'être réveillée par des cris. J'ai regardé et j'ai vu ce corps si longtemps immobile, réveillé. Il y avait dans ces yeux le soleil de mon ami Sakura, il avait son merveilleux sourire. Médecins et infirmières l'entouraient. "Un miracle disaient-ils, la plus belle raison de faire ce métier. Voir cet homme sortir du coma un jour alors qu'on ne s'y attend pas. J'étais heureuse pour mon ami dont la vie revenait et ô joie immense. Il pourrait désormais marcher.
Il a retrouvé sa bien aimé et son âme réconciliée, est à nouveau en lui ancrée. Je ne le verrai plus mais je le sais heureux et je lui dédie toutes mes traversées à travers nos champs de lavande pour atteindre notre beau cerisier.

Sakura


Dans mon œil une lueur y est ancrée et je ne sais d'où elle vient. Si un jour mon subconscient vient à se réveiller il me rappellera la belle chevauchée et le cerisier me tendra ses fleurs. M’offrant ainsi un reste d'amitié partagé avec mon amie retrouvée la luciole…

Fin

vendredi 3 janvier 2020

Murmures

Je ressens encore son baiser sur mes lèvres, son souffle chaud et sa langue humide. En ouvrant mes yeux j'ai été happé par son regard si clair que j'en ai perdu tous mes repères. Je me suis senti tomber dans une douceur incommensurable, bercé par des milliers de plumes. Sa voix douce et rauque résonnait aux portes de mon cerveau embrumé.  

Ne pleure pas.  

J'aurais voulu l’écouter mais j'en étais incapable. Ses mains sur mon visage laissaient une amertume ancrée profondément dans ma chair. Sa poitrine ronde pressée contre mon corps embrasait mes sens et me faisait perdre pied. Dans le lointain souvenir il réveillait en moi des larmes de manque. Mon être tout entier se refusait à ne pas la sentir.  

Et quand les cendres se furent dispersées les étoiles brillèrent d'un nouvel éclat.  

Dans un soupçon de vie, le vent caressa mes cheveux et s'en alla, emportant avec lui les restes de mes envies.  

samedi 31 août 2019

Regards

Elle m'avait dit qu'elle comprenait. Qu'elle me comprenait.  

J'avais dû faire un choix. C’était mon choix. Parce que la vie nous offre la possibilité d'en faire. J'avais fait le mien.  

Elle m’avait regardé longuement quand j'étais parti. J'avais senti son regard sur mon dos. Les yeux embués fixant le soleil couchant, des larmes lumineuses s'enfonçant dans la terre sombre. Je quittais mon repère pour rejoindre un lieu que je ne connaissais pas.  

J'ai fait le tour de la terre, m'arrêtant dans des endroits aussi noirs que mon âme. Le temps a creusé des sillons sur ma peau et marqué ses limites comme les frontières des pays. Mon cœur s’est durci et la plaie béante s'est muée en une pierre aussi dure que le granit. Des torrents de solitude ont recouvert mes épaules d'un manteau blanc. J'ai gravi des montagnes, atteignant des sommets décharnés aussi déserts que les cimetières abandonnés. J'ai franchi des obstacles et défié des animaux sanguinaires. Et un jour, je suis revenu à mon point de départ.  

Elle était là, attendant mon retour. Elle a posé les yeux sur moi, me fixant avec toute l’intensité dont elle était capable. Cette fois-ci, je n'ai pas baissé le regard.  

J’étais devenu un homme. Je suis devenu son homme.