Je me suis retrouvée dans cette pièce noire. Si sombre que mes yeux me faisaient mal à force de percer la lumière. Envahie par les idées glacées qui frappaient à la porte de mon cerveau embrumé. J'ai eu peur de n’être qu'une poussière perdue dans l’immensité de mon désespoir. Je guettais les moindres signes, me rappelant sans cesse que je n’étais pas encore morte.
Je repensais aux derniers jours qui m'avaient conduite à cette lente agonie. Des instants de lucidité échoués dans cet abîme de désolation.
Des instants de soleil embrasaient les remparts en lambeaux de ma vie déchiquetée. Des morceaux de ciel fracassaient des lames à l’écume blanche sur les falaises de ma solitude décharnée.
Je me revoyais, assise sur ce banc, attendant que l’horizon change de couleurs. Que mes joues se peignent d'orange et de jaune. Que mes lèvres rosées goûtent enfin à l’infinie douceur de son souffle. L’amère victoire de ma tristesse dans ce monde utopique soit la réelle découverte d’une illusion préfabriquée. J’attendais avec impatience son désir de me rencontrer pour fonder son empire imagé.
J’étais là et lui était en retard.
La fragilité qui m'habitait encerclait mes pensées sauvages et emprisonnait ma poitrine dans un écrin aux pétales irisés. Je tremblais, incapable de retenir mes larmes défigurant ma peau fraîche. Je fixais ces arbres aux feuilles colorées me désolant de leur nudité automnale.
J'ai quitté ce parc, laissant derrière moi la grisaille et le couchant et suis rentrée seule, le regard dans le vague. Mon cœur meurtri pleurait en silence tandis que mes jambes se faisaient lourdes.
Chez moi, je pris un thé noir et un bain. L’eau chaude me fit du bien mais ne suffit pas a réchauffer les endroits glacés de mon corps endolori.
Des gouttes rouges perlèrent de ma peau nue et teinta la baignoire de rose. Je ne me rappelais pas de ces gestes étranges. Ma bouche s'ouvrit sur un sanglot étouffé. La vie s’échappait et moi je m'envolais.
Isolée entre les murs de ma prison, je sombrais dans un océan de coton. Lovée dans une emprise imaginaire je perdais pied, transportée dans un coma abyssal. Entraînée par une main gigantesque, je me sentais légère comme une plume. Des visions de mon passé s'ouvraient et m'invitaient à les rejoindre.
Je dérivais, sans but et sans encombres.
Et soudain, une lumière blanche a éclairé mon univers déchu. Une voix se faisait entendre au lointain. Les murs de ma pièce sont tombés sur le plancher de mes peurs.
J'ai ouvert les yeux sur ma renaissance.
Il était là, son regard plongé dans le mien. Ses yeux dorés frappaient a la porte de son amour. J'ai déchiré les barreaux de papier et brûlé les actes de faiblesse.
Pour lui, j’irais décrocher la lune de son piédestal car la mort n'est pas mon but mais une finalité.
Merci d'être passé le temps d’un instant ...
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