Sentir le parfum de ses lèvres. Goûter l’amertume de sa bouche et entendre les papillons voler dans son ventre. Caresser sa langue avec la mienne et voir une singularité se former dans ses yeux.
Comment ne pas sombrer et se perdre dans le nuage immense de son être. J'ai dérivé en m'accrochant aux repères virtuels posés ici et là dans les méandres olfactifs de son désir. Poussé par une infinie douceur de me consumer lentement dans un univers constellé de battements sourds.
Je perdais pied tandis que grandissait en elle une vague silencieuse de plaisir. J'emprisonnais ses seins tout en mordillant son cou, me rapprochant dangereusement de sa carotide. Le goût du sang se fit plus proche.
Dans un rêve j'ai entendu son cri briser le silence de nos corps enlacés.
Le ciel s’est déchiré en éclats bleus. Et le rouge s'est déversé dans un torrent bouillonnant. Mes yeux se sont teintés de larmes pendant que le noir habillait les gens du cimetière.
J’étais seul, isolé dans ma bulle de verre.
Devant moi, la pierre tombale de mes cauchemars ornait la grisaille du matin.
Des roses orange fanées se mouraient d'ennui.
Mon corps se lamentait d'être vivant. Prisonnier de cet état je m’enfonçais dans un abîme sans fin. Ivre d’évasion je m'envolais le cœur en lambeaux et le soleil dans le dos. Je cherchais à disparaître sans laisser de traces. Dans ce monde virtuel je connaissais un endroit dénué de tristesse. Un refuge pour âme déchue. Libre de danser sous les étoiles et parsemer les chemins escarpés de morceaux d'envie.
Loin de ce lieu immobile, enseveli sous des tonnes d’histoires cassées par le temps, craquelé par les morsures anachroniques. J'ai gardé dans mes souvenirs une myriade de poussières polies par des années à panser mes blessures.
Allongé sur le dos, au milieu de ces ruines délavées j'ai senti qu'elle était là, à me regarder me vautrer dans la fange de nos ébats capricieux. Elle infiltrait mes pensées malheureuses et s’endormait paisiblement, son souffle sur mes joues humides.
J’ai assisté à mon enterrement, délaissé de mon enveloppe mortelle.
Depuis nous vivons nos noces funèbres, unis par les liens sacrés de la mort.
Ensemble, pour toujours…
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