Dans la fournaise de l’aurore j'ai aperçu ses yeux améthyste. Ils brillaient d'un éclat de lune, brisant les poussières d’étoiles en suspension. Mon cœur s'est mis à battre plus vite. Prisonnier depuis des années dans ce cercueil intemporel je gravite autour d'elle dans un souffle immobile. Regardant par delà la lueur du soleil j’ai senti ma peau se teinter d'un voile liquide. Je m'étouffais dans mon silence et la lisière de l’horizon de la terre se troubla lentement. Je sombrais dans des effluves enivrantes. J'appréhendais sa réaction. Me revoir ici, après toutes ces années à me chercher.
J'avais fui mon passé, glissant silencieusement dans les méandres opaques de mon futur. L’amer souvenir du parfum de ses lèvres me rongeait, m'empêchant de voir plus loin que la brume de son souvenir. J'avais peur de la revoir, une étincelle illuminant le brasier de sa poitrine douce. Dans cet espace sans fin, libre de toutes sensations j’avançais lentement, à l'abri de ses reproches. J'avais caressé l’espoir de ne jamais revenir sur terre. De me perdre ici et là, entre les planètes colorées de mes sentiments futiles.
Et maintenant, la voilà qui venait vers moi, les yeux plein de larmes et les bras grand ouverts. Pendant un instant j’ai pensé refermer la porte sur son amour et déserter cette navette. Mais l'espace a beau être immense je ne pourrai fuir encore. Elle avait parcouru tout ce chemin vers les étoiles pour nous. Pour être ensemble, une dernière fois.
Quand les étoiles pleurent leurs larmes s'embrasent et la chaleur qui en découle est transformée en vœux.
Dans la fournaise de l'espace, elle a rejoint mon cœur et ma bouche s'est unie à la sienne pour l’éternité.