Elle me regarde, de cet air intriguant et tellement adorable. Sa bouche me sourit mais ses mains tremblent. Sa poitrine se soulève et danse sous ses vêtements. J'ai envie de la prendre et de la caresser.
J'ai peur, j'ai froid, je voudrais me réveiller. Je le suis déjà.
Son front, collé à cette vitre, semble vouloir passer à travers. Ses longs cheveux se promènent tels des acrobates du ciel. Des larmes coulent sur ses joues rosiers par l’émotion.
La bouche cendreuse je la regarde s’éloigner vers un lointain horizon. Des poussières de souvenirs s’accrochent à mon esprit vide. Des lambeaux de rêve s’effilochent en griffant mes envies de caresses. Je dérive, perdu, isolé dans une mer glaciale, froide de silences déchirés. Des larmes de souffrance s'abattent sans un cri sur l'agonie de mon cerveau embrumé. Je me noie, je suffoque, j’aspire mais aucun son ne sort de ma gorge dépouillée d'amour. Je reste là, hébété, à fixer ce train qui s'en va.
J'ai peur soudain, de marcher dans cette nuit noire, avide de monstres sans corps. L’éclairage de néons blafards éclaire mes pas les plus sombres. J’avance pris au piège dans cet antre nébuleux à courir après les ravages du temps.
L’océan de candeur a fait naufrage sur mon corps et délavé les odeurs sablonneuses des parfums de sa bouche. Elle a nettoyé les traces volcaniques que la grisaille avait peinte sur mon visage. Ses mains ont lissé les plaintes des coquillages de mes cheveux noirs comme le souffle des enfers.
J’ai attendu que le soleil se lève pour gravir les marches qui m'amèneraient dans un refuge libre de sens. Je m’enfonce sans m'en rendre compte dans un désert affectif vide de l’essentiel. Son odeur manque à ma certitude de n’être plus qu'un morceau d’éclat brisé par les lettres de son absence. Je dérive progressivement vers une rivière assoiffée de peurs infinies. Mon cœur se serre et ma langue se prive du bruit de ses mots.
Je ne ressens que tristesse et douleur. Dans cette tempête émotionnelle je vole pris dans un tourbillon de déchirures mentales qui m'entraînent vers une funèbre destination.
Le train est parti depuis longtemps mais moi je suis toujours là, à compter le temps qui nous sépare de nos retrouvailles.
Le temps qui me sépare de toi.
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