Seul, assis sur cette balustrade, du haut de ce pont, je regarde le fleuve se jeter dans l’horizon couchant. Les yeux brouillés, je sens que je ne vais pas tarder à faire le grand saut. Le soleil orange pointe ses derniers rayons avant de s’éteindre. Le temps de m’allumer une cigarette.
Aujourd'hui j’ai tout perdu. Depuis l'amour de ma vie à mon amour de la vie. Je me sens seul, terriblement seul.
Je voudrais pousser un cri mais j'ai peur de réveiller en moi les démons qui sommeillent. Je ne veux pas devenir un monstre.
Elle s'appelait Syrielle. Quand je l'ai connue, elle venait de perdre la vue suite à un accident de voiture. Victime collatérale. Ses premiers pas l'ont conduite dans mes bras. Elle avait de si beaux yeux verts hélas incapables de voir. Ce n’était pas mon cas.
Tout s'est enchaîné rapidement. Elle mettait de la lumière colorée dans ma vie terne et je parsemais ses pas de fleurs. Leurs parfums lui faisaient tourner la tête et emplissaient ses sens. Notre histoire ressemblaient à des papillons virevoltant.
Et un soir, elle est morte, happée par le tourbillon de la vie. Une fine lame a tranché sa gorge délicate pour un billet de 50. Cette nuit là c’est moi qui suis tombé. Face contre terre. Le choc de ma vie. Sourd et brutal.
J'ai sombré comme une bouteille à la mer. Emporté par les flots de mes larmes, je dérivais secoué par des torrents de vagues noircies par le manque. L'ivresse des profondeurs m’entraînait toujours plus bas que les abysses. J’aspirais à toucher le fond mais il était sans fin. Creusant de nouveaux sillons si profondément ancrés dans mon cœur que je suffoquais à l’idée d’avancer seul.
Un jour, le soleil est à nouveau entré dans mon appartement. Et j'ai refait surface, nageant péniblement vers le rivage.
La maladie m'a rattrapé sur le chemin de la guérison, me laissant pantelant. Hagard, je regardais les heures défiler comme des minutes.
Maintenant je vis mes dernières secondes. Ici, bientôt ailleurs, je te rejoins pour finir ce que nous avons commencé.
Bâtir un nouveau départ et reprendre une nouvelle inspiration.
L’histoire de ma vie s’achève ici.
La nôtre commence là-bas
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