Dans ces désirs les plus profonds je me suis vu, errant, à la recherche de mon trésor. Le temps avait façonné l'espace et m’avait fait prisonnier de mon passé.
Mes yeux ne voyaient rien, ouverts sur une noirceur habitant mes pensées les plus sombres. J’avais perdu le goût, celui de sentir les choses, de ressentir l'amère froideur des pierres glacées de la cellule.
Je sentais encore mon cœur battre, faiblement mais en rythme. Ce son telle une goutte me rappelait le supplice des maîtres de la torture chinoise. Il ne me rendait pas fou, au contraire, il me faisait me sentir en vie. J'aurais voulu les entendre encore et encore. Si seulement…
Dans un souffle, j'ai sombré dans une eau moins amère. Son scintillement glissait dans tout mon être, immergeant mes zones intérieures, repoussant l'air tiède. J’aspirais à ne pas dériver, ballotté par une crue aussi rapide qu'éphémère. Je m'enfonçais dans les limbes de mon cerveau dématérialisé. Dépossédé de ces sens, je ne voyais plus les limites de ce lit, débordant de trous et de pièges.
Après la cascade, la chute fut salutaire mais ne me laissa pas indemne. Pris dans les flots tumultueux de mes envies, au gré de son insolence, la descente fût douloureuse. Le banc de sable m’accueillit à moitié mort. Le soleil s'engouffra dans mes yeux vides mais ouverts. Ses rayons ravivèrent ma peau moite et mes cellules endolories.
J’entrevoyais une lueur nouvelle dans le plafond noir de cette cage froide et étouffante. Je me sentais comme un animal pris au piège de son instinct. Manger ou être mangé. Dévorer ou être dévoré.
Dans la peau d'un tigre…
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