dimanche 26 juin 2022

Seule la mort donne un sens à la vie

Tu as dit que le temps n’avait pas de fin. Mais que toi, tu en avais une. Que nous en avions une. 

Je te regarde sombrer dans le silence. T’enfoncer en douceur dans le couloir du temps où seule la vie n’a pas sa place. Tu sembles dormir d’un rêve sans nuages.  


Je caresse ta joue d’un geste éphémère. Ta peau si douce ne danse plus sous mes doigts. Ton souffle chaud ne fait plus gonfler ta poitrine opaline. Mes larmes dessinent des soleils sur tes lèvres. 


J’embrasse une dernière fois ta bouche, lui laissant un arrière goût d’inachevé. J’abaisse avec soin tes paupières et referme doucement le couvercle de ton écrin.  

 

À l’intérieur se trouve mon trésor.


Il dort et jamais ne se réveillera. 

 

 

Un monde entre les mains

Quand je me suis réveillé j’ai découvert un monde qui n’était pas le mien.  

Celui que tu avais tant rêvé et qui n’était plus le tien.

 

Ce monde qu’elle aimait ne serait jamais le sien.


J’ai façonné un monde nouveau pour qu’il soit le nôtre. 

 

Je n’ai pas voulu d’un monde qui était le vôtre.


Ce monde je le donnerai à mes enfants pour qu’il soit le leur. 


Mais avant, je trouverai celle qui sera mienne . 

En manque de rêves

 Aujourd’hui, je revois la plage que nous aimions tant. Elle n'a pas bougé.

Contrairement à nous..  

Claire, elle, a disparu dans la nuit. Absorbée par l’obscurité. Dévorée par l'envie de se fondre dans le décor.  


Partie sur un coup de vent, dispersée dans les embruns d’une aurore embrumée. Emportant avec elle mes larmes silencieuses teintées de rouge.  


Mes doigts qui aimaient tant caresser son cœur, tremblent comme un jeune apprenti. Je frissonnais malgré une douce torpeur enivrante. Jamais je n'aurais cru vivre cela un jour.  


Du haut de cette falaise, le ciel me semble toujours aussi beau malgré la tristesse ancrée dans son sein. La houle réveille les vagues, de l’écume jaillissant de leurs lèvres enragées. J'avais envie de plonger dans leurs sourires, de me noyer dans leurs entrailles et de sombrer en hurlant mon désarroi.  


Soudain, je tombai à genoux, les mains dans les herbes hautes. Les enfouissant dans la terre la fraicheur me fit du bien. Espérant retenir des restes futiles de notre histoire.  


Après un dernier cri, je m'effondrai dans le silence d'or. Le réveil fût brutal, encore plus que le goût de cendres et le cœur en morceaux.  


La réalité fait plus mal que le rêve parce que l'on doit vivre avec ses manques.  

lundi 20 septembre 2021

Singularité

 Aujourd’hui tu as brisé mon cœur et je m'efforce encore de ramasser les morceaux éparpillés ici et là.  

C’est vrai que j’avais mis la barre assez haut mais tu t'y es accrochée avec toute la détermination dont tu sais faire preuve.  


Je ne t'ai pas vu venir à pas de loup, tel un chat se glisse dans l’ombre de la nuit.  


J'entends encore ta voix douce me murmurer des mots colorés au goût si particulier qu'ils coulent au creux de ma gorge.  


Je respire encore ton odeur parfumée de fiel évoluer dans des nuages veloutés, s’effilochant en volutes vers le ciel larmoyant.   


Je te revois gravir les marches de notre amour en tenant à la main un bouquet de fleurs, faisant briller tes yeux d'une lueur indescriptible.  


J’avais cru un instant ne jamais revivre cette sensation de plénitude propre aux amoureux. C’était sans compter sur ta joie de vivre et ton audace à faire chavirer mon cœur dans ce que j’appelle tes filets.   


Et, au sommet de nous, tu m'as laissé tomber et m'écraser au sol avec fracas, me brisant comme un miroir éclate le reflet de son double.  


La nuit est apparue avec la certitude de ne jamais te revoir si ce n'est en photo, exposée aux saisons intemporelles, sur ta tombe.  


Au moins la vie ne meurt pas autour de toi 


Je respire encore…  

samedi 24 juillet 2021

Le Voyageur du Temps, Le Coeur

 Quand je suis venu au monde, il était déjà là. En poussant mon cri, si j’étais en vie, c'était grâce à lui. Plus tard, j’ai pensé que jouer avec lui renforcerait notre lien mais c’était tout le contraire. Je ne pouvais respirer sans le solliciter. Il lui fallait de l’air en permanence pour ne pas étouffer et s’en donner à cœur joie. 

Malgré ces débordements, il me faisait tourner la tête. J’en eus souvent le souffle coupé. J'avais décidé de le tester en le faisant travailler plus que nécessaire. Je me mis à fumer, à arrêter le sport et à tomber amoureux. Le cocktail fût détonnant. Je ne savais plus où donner de la tête. Mes sens étaient en ébullition. Mais, paradoxalement, j'en tirai certains plaisirs non négligeables. La cigarette me faisait tourner la tête et l'amour me la fit perdre. Entre les deux il balançait, incapable de se décider sur la marche à suivre. Ce fût l’explosion des sens et la magie de l’instant.  

À la fac, je m'enlisais dans des soirées interminables à refaire lee monde et tester différentes façons du plaisir au contact éphémère de filles. Elles avaient chacune une expérience nouvelle à m’apporter. Et puis, je finis par trouver celle qui me fit chavirer.  

J'ai cru me noyer dans ses yeux, m'asphyxier à l'ivresse de sa peau mais sa langue me ramenait toujours à la surface de ses lèvres douces et humides. Nous nous sommes mariés, avons eu des enfants. Et quelques années passées, lorsque je pus souffler, il me rappela à l'ordre. Il sembla fatigué, bien plus que moi. Il finit par s’arrêter pendant de longues minutes mais on finit par le ramener à moi.  

Il battit par à - coups mais bien plus lentement et sembla plus que jamais proche d'en finir avec la vie.  

Depuis ce jour, je reste assis, à regarder pendant des heures les minutes s’écouler. 

J'ai peur de perdre le seul ami que je n’ai jamais eu de toute ma vie, mon cœur….