dimanche 7 août 2022

Entre l'ombre et la lumière

 Je me suis perdu un jour entre les murs de mon imagination. J’avais espéré rester immobile, danser sur des airs chauds et colorés.  

J’ai longtemps cherché la sortie, glissée entre les mots, bien cachée dans les couloirs entrelacés de mes doutes. 


Je sentais l’air frais embrumer mes désirs secrets. Mes envies fondre dans les abysses solitaires. S’enfoncer dans l’ivresse des profondeurs charnelles. J’avais de vagues souvenirs entrecoupés d’amertume opaque. Les couleurs du ciel me rendaient toujours un peu nostalgique de ses tons rougeoyants. J’avais une affection particulière pour l’orange. De les voir perler en panaches descendants, irradier le scintillement de son audace me transportait vers des sommets clairsemés. 

Je fermais les yeux, écoutant d’une oreille distraite les échos flamboyants d’un Adagio for strings par Tiesto. Emporté par l’élan j’ai chassé le naturel, soufflant des restes mélancoliques, griffonnés ici et là. 

Enfin, aveuglé par la gravité je suis tombé telle une pomme parmi d’autres, suivant la flèche. 


Entre le rêve et la réalité il y a un monde de couleurs auxquelles on ne prête pas attention.

On se rappelle qu’il y a une ombre quand la lumière apparaît. 


Mais surtout, que l’ombre qui cache la lumière, c’est nous. 

dimanche 26 juin 2022

Seule la mort donne un sens à la vie

Tu as dit que le temps n’avait pas de fin. Mais que toi, tu en avais une. Que nous en avions une. 

Je te regarde sombrer dans le silence. T’enfoncer en douceur dans le couloir du temps où seule la vie n’a pas sa place. Tu sembles dormir d’un rêve sans nuages.  


Je caresse ta joue d’un geste éphémère. Ta peau si douce ne danse plus sous mes doigts. Ton souffle chaud ne fait plus gonfler ta poitrine opaline. Mes larmes dessinent des soleils sur tes lèvres. 


J’embrasse une dernière fois ta bouche, lui laissant un arrière goût d’inachevé. J’abaisse avec soin tes paupières et referme doucement le couvercle de ton écrin.  

 

À l’intérieur se trouve mon trésor.


Il dort et jamais ne se réveillera. 

 

 

Un monde entre les mains

Quand je me suis réveillé j’ai découvert un monde qui n’était pas le mien.  

Celui que tu avais tant rêvé et qui n’était plus le tien.

 

Ce monde qu’elle aimait ne serait jamais le sien.


J’ai façonné un monde nouveau pour qu’il soit le nôtre. 

 

Je n’ai pas voulu d’un monde qui était le vôtre.


Ce monde je le donnerai à mes enfants pour qu’il soit le leur. 


Mais avant, je trouverai celle qui sera mienne . 

En manque de rêves

 Aujourd’hui, je revois la plage que nous aimions tant. Elle n'a pas bougé.

Contrairement à nous..  

Claire, elle, a disparu dans la nuit. Absorbée par l’obscurité. Dévorée par l'envie de se fondre dans le décor.  


Partie sur un coup de vent, dispersée dans les embruns d’une aurore embrumée. Emportant avec elle mes larmes silencieuses teintées de rouge.  


Mes doigts qui aimaient tant caresser son cœur, tremblent comme un jeune apprenti. Je frissonnais malgré une douce torpeur enivrante. Jamais je n'aurais cru vivre cela un jour.  


Du haut de cette falaise, le ciel me semble toujours aussi beau malgré la tristesse ancrée dans son sein. La houle réveille les vagues, de l’écume jaillissant de leurs lèvres enragées. J'avais envie de plonger dans leurs sourires, de me noyer dans leurs entrailles et de sombrer en hurlant mon désarroi.  


Soudain, je tombai à genoux, les mains dans les herbes hautes. Les enfouissant dans la terre la fraicheur me fit du bien. Espérant retenir des restes futiles de notre histoire.  


Après un dernier cri, je m'effondrai dans le silence d'or. Le réveil fût brutal, encore plus que le goût de cendres et le cœur en morceaux.  


La réalité fait plus mal que le rêve parce que l'on doit vivre avec ses manques.  

lundi 20 septembre 2021

Singularité

 Aujourd’hui tu as brisé mon cœur et je m'efforce encore de ramasser les morceaux éparpillés ici et là.  

C’est vrai que j’avais mis la barre assez haut mais tu t'y es accrochée avec toute la détermination dont tu sais faire preuve.  


Je ne t'ai pas vu venir à pas de loup, tel un chat se glisse dans l’ombre de la nuit.  


J'entends encore ta voix douce me murmurer des mots colorés au goût si particulier qu'ils coulent au creux de ma gorge.  


Je respire encore ton odeur parfumée de fiel évoluer dans des nuages veloutés, s’effilochant en volutes vers le ciel larmoyant.   


Je te revois gravir les marches de notre amour en tenant à la main un bouquet de fleurs, faisant briller tes yeux d'une lueur indescriptible.  


J’avais cru un instant ne jamais revivre cette sensation de plénitude propre aux amoureux. C’était sans compter sur ta joie de vivre et ton audace à faire chavirer mon cœur dans ce que j’appelle tes filets.   


Et, au sommet de nous, tu m'as laissé tomber et m'écraser au sol avec fracas, me brisant comme un miroir éclate le reflet de son double.  


La nuit est apparue avec la certitude de ne jamais te revoir si ce n'est en photo, exposée aux saisons intemporelles, sur ta tombe.  


Au moins la vie ne meurt pas autour de toi 


Je respire encore…