vendredi 4 décembre 2020

SkyWalker, Le Funambule

J’habite la maison de mes rêves. Quand je me lève, je sors sur la terrasse, juste à temps pour voir un voile clair flotter devant le soleil. Une tasse de café bien chaud et fumant entre les mains, laissant les senteurs torréfiées emplir mes narines de cette douce amertume. L’air, encore tiède, réchauffe mes pupilles endolories. Dans peu de temps, quand la brume se sera dissipée, je verrai mon ami briller de toute sa splendeur.  

Après m’être habillé je sors marcher sur les fils de ma vie. Armé de ma grande perche, je passe d'un point à un autre, presqu'en apesanteur. Je déambule les yeux fixés sur l’horizon, les cheveux au vent. Je n’ai pas de but précis si ce n’est de parcourir le monde, accroché à mes rêves, la tête dans les nuages.  


J’aime penser que les gens lèvent de temps en temps les yeux vers le ciel et me voient faire des arabesques légères. Effilochant leurs certitudes, dessinant des courbes poudrées, scintillantes de douceurs bombées. Imaginer des pluies de morceaux d’étoiles tomber sur leurs envies passagères. J'accroche le temps d'une seconde le fil de ma vie à leurs désirs, faisant suspendre mes pas à leurs instants magiques.  


J’aime à penser que je modifie le cours des choses. Faisant sortir de son lit une idée nouvelle. La laissant s’écouler d’une rivière vers un océan turquoise. J’aime naviguer, libre, avec ma barque, façonner les chemins de mes destinations. Dériver, un parasol à la main, bercer par les flots. Entendre le calme murmurer sa musique d’albâtre. Et faire comme le goéland, flotter au gré du vent


Poussé par l’envie d’être libre…   

lundi 23 novembre 2020

De gouttes en cascade, la chute de l'eau

Dans ces désirs les plus profonds je me suis vu, errant, à la recherche de mon trésor. Le temps avait façonné l'espace et m’avait fait prisonnier de mon passé.  

Mes yeux ne voyaient rien, ouverts sur une noirceur habitant mes pensées les plus sombres. J’avais perdu le goût, celui de sentir les choses, de ressentir l'amère froideur des pierres glacées de la cellule.  


Je sentais encore mon cœur battre, faiblement mais en rythme. Ce son telle une goutte me rappelait le supplice des maîtres de la torture chinoise. Il ne me rendait pas fou, au contraire, il me faisait me sentir en vie. J'aurais voulu les entendre encore et encore. Si seulement…  


Dans un souffle, j'ai sombré dans une eau moins amère. Son scintillement glissait dans tout mon être, immergeant mes zones intérieures, repoussant l'air tiède. J’aspirais à ne pas dériver, ballotté par une crue aussi rapide qu'éphémère. Je m'enfonçais dans les limbes de mon cerveau dématérialiséDépossédé de ces sens, je ne voyais plus les limites de ce lit, débordant de trous et de pièges.  


Après la cascade, la chute fut salutaire mais ne me laissa pas indemne. Pris dans les flots tumultueux de mes envies, au gré de son insolence, la descente fût douloureuse. Le banc de sable m’accueillit à moitié mort. Le soleil s'engouffra dans mes yeux vides mais ouverts. Ses rayons ravivèrent ma peau moite et mes cellules endolories.  


J’entrevoyais une lueur nouvelle dans le plafond noir de cette cage froide et étouffante. Je me sentais comme un animal pris au piège de son instinct. Manger ou être mangé. Dévorer ou être dévoré.  


Dans la peau d'un tigre…  

lundi 7 septembre 2020

Aile et la mort

Au creux de son oreille résonnent encore les murmures et les cris de sa voix. Quand il lève les yeux sur le soleil à travers la vitre son image marchant vers lui s'efface de sa rétine. Des perles de tristesse serpentent le long de ses joues, se frayant un chemin à travers sa barbe sèche pour mourir sur sa chemise.


Plus il pense à elle moins elle se rapproche et semble l'attendre d'un air nonchalant. Hier il s'est souvenu de son parfum, orange verte. L'odeur de sa peau, ses mains effilées et ses doigts de velours glissant sur sa peau, caressant son visage et s'envolant dans un ballet duveteux.

Les jours qui ont suivi sa disparation il restait des heures assis dans son fauteuil avant de se décider à revenir sur le lieu de l’accident. Et au bord de cette falaise il devait s’asseoir pour ne pas la rejoindre au fond de l’océan.

Le regard sur l’horizon il ne voyait rien. Rien d’autre que son souvenir flottant au dessus de la mer et se couchant à l’horizon. Chaque soir, noyé dans des couleurs orangées il attendait son retour impatiemment.

Quand le noir se fit plus sombre il sut que son costume était prêt. Il allait la rejoindre et mourir à ses pieds en se jetant dans ses bras.

samedi 11 juillet 2020

J'aime être

Le bruit de mes pas m’a conduit ici, devant cette porteJ’hésite à franchir le point de non retour.  

J'ai aimé voir les rayons du soleil se perdre dans les brumes hivernales des plaines glacées de l’Est de la Russie.  

J'ai aimé sentir la main d’une femme caresser mes cheveux au réveil. 

J'ai aimé découvrir de nouveaux lieux, loin des grandes villes. Libres de toutes tentations, la seule étant de vivre et de profiter d’être avec soi-même 

J'ai aimé danser avec une inconnue aux yeux verts. Sentir ses hanches sous mes mains et l'embrasser dans le cou avant de m’envoler vers une autre destination.  

J’ai aimé connaître l'ivresse des grands oiseaux dans le ciel avant de toucher terre. 

J’ai aimé défier les océans, me battre contre les vagues déchirantes et perdre mes forces avant d’échouer, entre deux flots, sur une plage seul avec moi-même.  

J'ai adoré faire des courses de bolides sauvages dans les rues sinueuses sur les hauteurs de Los Angeles. Le soleil, la vitesse et l’erreur impardonnable que l'on redoute.  

J'ai adoré découvrir des inconnues au détour d'une phrase, entretenir quelque chose qui durera un temps ou deux.  

J'ai adoré traverser le Japon. Le tumulte des grandes villes, la vie en lumières à toutes heures avant la douceur des villages reculés.  

Me surprendre à tomber sous le charme des cerisiers en fleurs. Sentir la douceur des pétales effleurer ma peau. 

J’aurais aimé embrasser une femme, encore. Voir dans ses yeux le plaisir d’être ensemble.  

Quand on est mort on est libre mais avant d’être libre on est en vie.  

Derrière cette porte se déroule mon enterrement. 

Officiellement je suis mort. 

Mais officieusement je suis en vie.  


J'aime être libre.