Quand je suis venu au monde, il était déjà là. En poussant mon cri, si j’étais en vie, c'était grâce à lui. Plus tard, j’ai pensé que jouer avec lui renforcerait notre lien mais c’était tout le contraire. Je ne pouvais respirer sans le solliciter. Il lui fallait de l’air en permanence pour ne pas étouffer et s’en donner à cœur joie.
Malgré ces débordements, il me faisait tourner la tête. J’en eus souvent le souffle coupé. J'avais décidé de le tester en le faisant travailler plus que nécessaire. Je me mis à fumer, à arrêter le sport et à tomber amoureux. Le cocktail fût détonnant. Je ne savais plus où donner de la tête. Mes sens étaient en ébullition. Mais, paradoxalement, j'en tirai certains plaisirs non négligeables. La cigarette me faisait tourner la tête et l'amour me la fit perdre. Entre les deux il balançait, incapable de se décider sur la marche à suivre. Ce fût l’explosion des sens et la magie de l’instant.
À la fac, je m'enlisais dans des soirées interminables à refaire lee monde et tester différentes façons du plaisir au contact éphémère de filles. Elles avaient chacune une expérience nouvelle à m’apporter. Et puis, je finis par trouver celle qui me fit chavirer.
J'ai cru me noyer dans ses yeux, m'asphyxier à l'ivresse de sa peau mais sa langue me ramenait toujours à la surface de ses lèvres douces et humides. Nous nous sommes mariés, avons eu des enfants. Et quelques années passées, lorsque je pus souffler, il me rappela à l'ordre. Il sembla fatigué, bien plus que moi. Il finit par s’arrêter pendant de longues minutes mais on finit par le ramener à moi.
Il battit par à - coups mais bien plus lentement et sembla plus que jamais proche d'en finir avec la vie.
Depuis ce jour, je reste assis, à regarder pendant des heures les minutes s’écouler.
J'ai peur de perdre le seul ami que je n’ai jamais eu de toute ma vie, mon cœur….