mardi 30 octobre 2018

Explore

Elle me regarde, de cet air intriguant et tellement adorable. Sa bouche me sourit mais ses mains tremblent. Sa poitrine se soulève et danse sous ses vêtements. J'ai envie de la prendre et de la caresser.

J'ai peur, j'ai froid, je voudrais me réveiller. Je le suis déjà.

Son front, collé à cette vitre, semble vouloir passer à travers. Ses longs cheveux se promènent tels des acrobates du ciel. Des larmes coulent sur ses joues rosiers par l’émotion.

La bouche cendreuse je la regarde s’éloigner vers un lointain horizon. Des poussières de souvenirs s’accrochent à mon esprit vide. Des lambeaux de rêve s’effilochent en griffant mes envies de caresses. Je dérive, perdu, isolé dans une mer glaciale, froide de silences déchirés. Des larmes de souffrance s'abattent sans un cri sur l'agonie de mon cerveau embrumé. Je me noie, je suffoque, j’aspire mais aucun son ne sort de ma gorge dépouillée d'amour. Je reste là, hébété, à fixer ce train qui s'en va.

J'ai peur soudain, de marcher dans cette nuit noire, avide de monstres sans corps. L’éclairage de néons blafards éclaire mes pas les plus sombres. J’avance pris au piège dans cet antre nébuleux à courir après les ravages du temps.

L’océan de candeur a fait naufrage sur mon corps et délavé les odeurs sablonneuses des parfums de sa bouche. Elle a nettoyé les traces volcaniques que la grisaille avait peinte sur mon visage. Ses mains ont lissé les plaintes des coquillages de mes cheveux noirs comme le souffle des enfers.

J’ai attendu que le soleil se lève pour gravir les marches qui m'amèneraient dans un refuge libre de sens. Je m’enfonce sans m'en rendre compte dans un désert affectif vide de l’essentiel. Son odeur manque à ma certitude de n’être plus qu'un morceau d’éclat brisé par les lettres de son absence. Je dérive progressivement vers une rivière assoiffée de peurs infinies. Mon cœur se serre et ma langue se prive du bruit de ses mots.

Je ne ressens que tristesse et douleur. Dans cette tempête émotionnelle je vole pris dans un tourbillon de déchirures mentales qui m'entraînent vers une funèbre destination.


Le train est parti depuis longtemps mais moi je suis toujours là, à compter le temps qui nous sépare de nos retrouvailles.


Le temps qui me sépare de toi.

dimanche 28 octobre 2018

Ailes & Lui

Dans ses yeux, une part sombre brûlait en silence. Elle ne laissait rien paraître si ce n’est une douceur et une tendresse tellement fortes qu'on la croyait sincère. Pourtant, ce désir de chatouiller la part sensible présente en chacun de nous faisait fondre les barrières les plus solides. Pris au piège, je m’enfonçais paisiblement sans m'en rendre compte, dans une illusion digne des plus grands numéros de prestidigitation. J’avançais les yeux fermés vers une forme pure et dangereuse du mal. Mon cœur était serein et mon esprit léger. À aucun moment je ne vus la fin de mon monde.

Ses yeux violets, remplis de bienveillance me regardaient d'un air lointain et plein de gentillesse. Ses mains douces caressaient ma peau crispée par le temps qui avait fait son œuvre et l’amertume a délavé les morsures des années. Sa bouche rouge, laissait place quelques instants à des dents blanches et pointues. Son sourire n’était pas carnassier mais plutôt protecteur. J'ai souvent eu envie d'y plonger ma langue. J'apercevais sa poitrine soulevée par une respiration lente et calme. Son cou laissait entrevoir un battement profond et sensuel de sa carotide.

Quand je m’abandonnais dans ses bras souples je sentais étrangement une main se glisser dans mon corps et serrer mon cœur. Je voulais crier mais une présence dans ma bouche étouffait mon cri et mon sang semblait se refroidir.

Un jour, je sentis des canines atteindre ma gorge et s'enfoncer progressivement dans ma chair. Une force implacable envahissait mon esprit et embrasa mes sens en faisant couler le peu d'envie qu’il me restait. Je sentais sa présence dévorer ma volonté et la passion de m'accrocher à son flanc se précisait au fur et à mesure que je sombrais lentement dans un rêve sans lumière.

Je me noyais, perdu entre deux eaux, isolé dans un océan d'ouate. Le ciel faisait pleuvoir des plumes blanches tombées des nuages en lambeaux, déchirés par une tempête de larmes. Elles dessinaient dans l'air des arabesques pointues comme des milliers d’aiguilles visant le sol abîmé par les ailes agonisantes des anges meurtris. Mes yeux regardaient sans voir ces vestiges d'une vie passée à lutter contre un être dénué de bonté. J'eus de la peine pour le serviteur que j'aperçu, les cheveux au vent, flottant dans ma direction. Je ne reconnus pas le monstre qui me tenait à sa merci. Juste ses yeux rouges teintés d'un éclat améthyste me rappelaient vaguement quelqu'un.

Quand il s’empara de ma bouche dans un ultime baiser je vis la femme murée à l’intérieur de cette enveloppe vide de son contenu. Elle voulut me dire un mot mais son ravisseur bloqua ses paroles en buvant mon désespoir. Dans un éclair de lucidité j'empoignai sa nuque en serrant mes doigts sur cette vie qui s’échappait de mes veines. Ma main gauche réussit à se frayer un chemin dans sa gorge et attrapa le peu d’humanité qui subsistait encore, à savoir cette femme prisonnière de ses qualités. J'écartai la bouche de cette chose en me servant de mes mains et entendis craquer cette mâchoire féroce. Quand je tirai sa langue hors de son palais elle emporta dans son sillage toutes les humeurs malveillantes qui sommeillaient dans les bas-fonds des enfers.

Elle m'apparut aussi nue et fragile qu’une sirène échouée sur une plage déserte. Derrière elle, le soleil jaune faisait briller de ses larmes dorées le ciel noir et les nuages s'effilochaient en cascade de pluie. Recouvrant l'air infecté d’une pureté odorante de senteurs florales et dégoulinantes de rayons invisibles.

Avec un dernier regard et nos mains serrées nous nous sommes laissé aller dans un sommeil dévastateur. J’ai repris conscience, dans mon lit, des seins doux écrasant ma poitrine sur laquelle une marque en forme d'ailes semblait s'y être déposée. En baissant mon regard il plongea dans ces yeux si clairs et si infinis que je me laissai dériver, une fois de plus. Mais cette fois, avec un sentiment de force brutale. Je perçus un changement dans ses caresses manuelles. Elles étaient plus lisses et désireuses de m’emmener dans un endroit isolé, dans lequel nous serions à l'abri de nos envies.

Perdus dans une bulle, libres de nos pensées les plus sauvages. Nous laissions faire, le temps d'une étreinte charnelle, nos instincts dévorants et nous évader dans la liberté impitoyable d'une nature grandissante. Je sentais des envies monstrueuses de faire mal mais lové dans son regard mon cœur était prisonnier de ma victime. Je lui appartenais tant qu'elle me maintenait en vie. Si je lui échappais, elle disparaîtrait avec mon humanité et mon ascension dévorante de dominer les étoiles.

Elle est si belle, sa peau dorée parsème de morceaux de lumière les recoins sombres de mon âme. Je défais les lacets de mon esprit le reliant au maître qui m'a coincé dans cette prison décadente. Une dualité entraîne mon corps dans un combat entre les ailes de l'enfer et la blancheur noircie du ciel entrouvert sur une faille de la nébuleuse du cygne. Une entaille qui pénètre mes chairs d’une déchirure mordante et agressive. Je sens mon dos se modifier et mes os faire place à de nouveaux vestiges. J’avais peur de ne plus lui appartenir, de me sentir différent. Mais ce fût le contraire, cela nous a rapproché.

Nous avons gravi des sentiers hors du charnier natal et pris notre envol du haut des abîmes des arbres centenaires. Notre nouvelle vie commence et nous guide vers un étrange horizon d’étoiles. Je sais maintenant que mon destin n’est plus de me laisser mourir mais de vivre, emporté par une soif de découvrir une cime plus éphémère que les ruines de nos vestiges désenchantés. J’appréhende avec une certaine candeur les pensées les plus sombres qui me torturent en faisant douter ma deuxième aile.

Son regard brillant me transperce toujours avec autant de fougue que les premiers rayons du soleil. Elle dessine sur mon cœur des lettres incandescentes qui resteront emprisonnées dans les limbes de mon âme. J'aspire à ne pas oublier que je lui dois cette vie. Et qu’elle me doit la sienne.


D’eux égalent un.


Nous sommes uniques.


Nous sommes L et Lui…


Ailes

Kaléidoscope

J’erre dans les serpentins festifs des désirs de mon âme. L'odeur charnelle des senteurs boisées ouvrent des effluves fleuris à mon esprit perdu dans des rivières à l’écume enchantée. Les parfums enivrants des corps entrelacés parsèment les chemins tortueux des limbes de mon cerveau endormi. Je traîne entre différents espaces qui ensablent de leurs traces indélébiles tels des nuages grimaçants de légèreté les veines de mon cœur fatigué.

Des vagues déconcertantes de caresses luisantes d’écume font frissonner mon corps délavé par le soleil couchant. L’écume aux lèvres je regarde d’un œil vide le lent travail de la mer sur les côtés abruptes de ces falaises sculptées dans l'infinie indifférence du temps. Le vent se fait sourd et entraîne dans ses sillons des déferlantes d'amertume qui viennent mourir sur le sable froid et impassible.

Je songe à m'enfoncer dans cette eau glaciale pour découvrir ce monde enfoui et connu des Atlantes. Une main me retient, des lèvres dépose un baiser sur ma joue, un souffle s’infiltre dans ma gorge sèche. Mon regard est perdu et fixe inlassablement une lune bleue tandis que des doigts m’attrapent par le bras. Je glisse le long de ce vide inopiné et tombe sans efforts dans un désert affectif. Cet espoir de finir détruit par une nuit, absorbé par les étoiles de ma solitude ravive une douleur fertile, écrasée entre une douceur et sécheresse aseptisée.

Je rêve d'y voir plus clair, grimaçant entre l'effort de me réveiller et celui de me perdre dans une tendresse dévorante de résister à l'enfer de rester immobile. Je me noie dans mes paroles et suffoque à l’idée de rester libre de ne pas être. J’hésite de paraître et de n’être qu’un morceau de viande, accroché à son crochet, pendant dans le vide blanc et implacable d'une chambre froide. Je cligne des yeux sous la froideur blanche et crue de cet éclairage glauque et glacial.

Les couleurs de ma vie me reviennent en mémoire. Elles sont aussi chaudes que le soleil, calmes et impétueuses que la mer, douces et libres que le vent. Éphémères et ouvertes que les fleurs. Noires et profondes que l'enfer.

Je vis sans buts mais je suis libre d’être ce que je veux. Je reste ici, prisonnier de mon corps mais ailleurs, sur cette île perdue dans l’horizon, à l'endroit où le soleil couchant s'enfonce dans la mer qui le reçoit toutes les nuits.



Et, ce, depuis que la terre est devenue elle-même

mercredi 12 septembre 2018

Voile

J'ai grandi avec la certitude de n’être qu’une poussière dans ce monde si lisse et transparent. Je pensais ne pas être différent des autres, glissant sous le vent de la liberté enchantée. Je regardais le ciel et n'y voyais que des éclats de bleu surfant sur la vague de l’insouciance. J'adorais avoir des reflets dorés dans les yeux. Sentir une chaleur légère envahir mes sens et dévorer du regard les courbes enlacées des bâtiments délavés.

La paresse des nuages encourageait mon inaction à rester immobile. Je voulais encore forcer mes yeux à dépeindre la brume enveloppant la détresse de mon âme. Je suffoquais à l’idée de ne plus voir la tendresse grimaçante des gouttes perler à la lisière de mon cœur. Je rêvais de partir sans amertume ni douleur. Mais jamais je n'aurais pensé décider de rester ici, muré dans mes incertitudes, emprisonné dans une musique qui n’était pas la mienne.

Je me retrouve isolé dans une bulle, oppressante et givrée, aux sons crissant sous la lame de verre. J’avance, les mains tendues vers des endroits sombres et transpirant d’humeurs déchirantes. Mon esprit erre, affamé de senteurs odorantes et de rires fleuris. Les allées entachées de pas furtifs embaument mes oreilles de bourdonnements sereins.

Je me noie dans les cris de douleur des déferlantes, dévastées et surprises de ne plus me voir. Je m'enfonce dans les abysses éteintes et parsemées de larmes vides et creuses de désillusion. J'agrippe sans forces un morceau d'envie caressé par le tendre désir de rester hors d’atteinte. J’embrase mes sens d'une douce folie, une cruelle routine, pressée de trancher une part de tristesse.

Mon corps se replie sur lui-même et mes doigts dansent épris d'une caresse subtile faite d'amour mordu et déchiré. Ma peau se creuse et se tend, faisant grincer mes dents. J’observe les alentours, déchiffrant les codes millénaires d'une société détrempée par des années d’évolution.

Je me lève, remets mes lunettes et quitte à regret ce banc ensoleillé par les sourires des passants…

Un jour, je m'en irai par la grande porte. Celle de mon âme débarrassée de sa clé de verre.


Enfin libre

Noire

Elle me protège des maux anachroniques, faisant craquer les endroits trop fragiles. Elle vit de ma souffrance et se repaît de mes sommeils verglaçants qui me laissent parfois de glace. Elle creuse sans répit des sillons amères ressemblant à des entailles. Elle arrache sans cesse des morceaux de moi les laissant s’éparpiller et voleter dans une atmosphère lourde. Je sais que je ne peux vivre sans elle et pourtant je ne peux me résigner à la laisser faire de moi l’objet de ses délices.

Je la porte parfois comme un fardeau incapable de danser telle une poussière d’étoile. Le vent m’entraîne dans des lieux qui ne chantent que lorsque la pierre pleure. Elle pèse de tout son poids sur ma personne et me coupe le souffle chaque fois que je veux l'aider à avancer plus loin que l’horizon de mes yeux. Jamais le soleil ne m'a autant brûlé mais j'ai supporté la douleur parce que je devais me montrer aussi fort que le sable centenaire. J’ai senti mes pieds se couper et perdre ce précieux liquide, celui qui teinte la mort de son sourire.

Je suis las d’être dans ce cercueil de verre entourant mes idées savoureuses et délicieuses. Je vois que le temps ne me laisse pas mener mon destin tel que je le voudrais. Il dessine sur moi le naufrage de ma vie et je ne peux que respirer en souvenir de ces vertes années. Mes os craquent et me rappellent que je suis toujours là. Immobile, humant l’air fissuré, inquiet de n’être plus qu'un souffle à bout. Je sens ma bouche vide chercher une goutte d’amertume et se remplir d'odeurs poisseuses. Une larme coule, traçant sans le vouloir une longue plainte de désirs enchantés. Elle glisse ivre et caressante les creux imparfaits de cette amie si longtemps bafouée.


Tu es belle, et certainement pas aussi parfaite mais je compte sur toi autant que toi sur moi.



Merci ma peau

dimanche 9 septembre 2018

Morsure

J'ai senti une douleur lancinante battre mon cou. Une envie sourde de tout lâcher et de me réfugier dans un espace clos, ouvert sur les émotions. J'avais envie de crisper mes doigts fins sur une fêlure profonde de mon âme. De danser sur un air déchirant d'espoirs déchus. De glisser sur une musique, glaçant les esprits entraînants vers un abîme de sécheresse laconique.

Une plainte silencieuse est née dans ma gorge nouée par l’angoisse vérité d’être seule. Mes yeux ouverts ne voyaient que le reflet de ma peine brutale et lourde. Le noir faisait place au blanc et la lumière enflammait ma cornée fragile. Un cri solitaire s'emparait de mon corps transpirant l’amer abandon de disparaître.

La pierre froide et humide me rappelait mes moindres démons enfantins. La peur s'insinuait lentement entre deux erreurs du passé. Et remontant les méandres tortueux de mon immobilité elle gravit les sables mouvants de son cruel destin. La lame froide et désincarnée s’immisce entre les effluves de mon corps flasque et tiède. L’empreinte de son odeur imprègne ma chair fragile et désarmée.

Lorsque je reviens du monde endormi, c’est un dégoût profond de la nature qui fait remonter toutes les saveurs sauvages de mon ventre meurtri. J'ai mal sans trouver quel nom porte cette douleur. Mon imaginaire a repris le dessus et je me sens plus faible que jamais. Sale et détruite, vivante mais morte, souillée et dévastée.

J’ai des marques et des griffures imprimées sur ma peau pourtant si douce. Mes seins portent les stigmates d'un avenir incertain et d'une route plus sombre. Je voudrais ôter ces taches invisibles et faire disparaître ces meurtrissures qui m'ont blessée à vie.

J'ai encore le goût putride de leurs mots indélicats en bouche. Leurs rires et autres cris transpercent mon cœur d'une infâme sécheresse démunie. Leurs langues gluantes et fétides ont barbouillé mes zones tendres et accueillantes d'un mépris sournois déshumanisé.

J’entendrai toujours leurs voix si impudiques et ces souffles si inconscients de désirs inassouvis. J'ai peur de vivre, ici ou ailleurs. De me retrouver face à ces monstres d’égoïsme si sûrs de leur pouvoir du nombre supérieur à une. Je suis déchirée, dévastée et inconsolable d’une sélection non naturelle.

Cette morsure a tailladé mon être et fait de moi la victime d'un sentiment bestial, décrié mais toujours actif. Je me sens faible et ravagée par une horde de charognards prêts à se jeter sur leur morceau de bidoche avariée et infestée de larves grimaçantes.

Cette cicatrice mord mon épiderme et suinte d'une douleur tenace et récurrente. Je voudrais cesser de penser mais si je m’arrête je meurs, immobile dans cette poussière lumineuse et caressante. Cette tendresse apparente me transporte vers des lieux où des bottes ne sont pas légion. Je m’effondre, perdue entre deux atmosphères, isolée mais entourée, seule mais encerclée.

Vivre, survivre et revivre…

Sans, pendant et après un viol…

jeudi 6 septembre 2018

Elles

En me réveillant ce matin, je sentis une douleur lancinante au niveau des omoplates. En passant mes doigts un léger suintement les recouvrit. Je n'avais pas vraiment mal. C’était très gênant et pour recouvrir ces deux sortes d'entailles je dus me contorsionner en maugréant abominablement.
Je ne savais pas comment ces griffures avaient pu apparaître aussi subitement. Je me souvenais seulement avoir rêvé de m’être senti libre et flottant, entre deux couches de nuages. En inspectant mes draps je ne trouvai rien qui puisse me mettre sur une piste.

Au cours de la journée, j'avais l’impression que quelque chose écartelait mes muscles et ma peau abîmée. Je sentais mon sang couler le long de ma colonne et s'agglutiner en formant une croûte bien épaisse et sombre. Je me sentais vide et fiévreux même si, à l’intérieur de mes côtes, mon cœur battait comme un coureur de cent mètres.

Le lendemain, deux protubérances de chair et d'os ont fait leur apparition. J’avais de plus en plus mal mais mon corps se modifiait à mon insu. Je ne pouvais qu'assister à ce changement soudain, impuissant. Je commençais à sombrer dans un délire angoissant et suffoquant. Je dérivais, sans but, immobile à travers les tiraillements désordonnés de mon corps. Une vague de souffle brûlant s'abattit sur mon front moite et en total déchéance. Je perdais pied, grisé par une déferlante, écrasé par le poids de l'amère désillusion de n’être qu'un cri perdu au bord du précipice.

Quand je revins à moi, la nature avait achevé son œuvre. Je ne me reconnus pas. J’étais enfin à l’image de ce que j’avais rêvé sans oser me l’avouer.

Contrairement à Icare, je ne risquais pas de me brûler. Je pourrai m'approcher au plus près du soleil et sentir sa chaleur envahir mon être de sa douce musique dorée.

Avec elles je me sentis pousser une décharge d’adrénaline qui me ferait voler jusqu'au firmament des cimes inhabitées. Et rivaliser avec les monstres de métal et peut-être même Superman s'il existe…
Je me sens pousser des ailes…

Qui suis-je ?

mardi 4 septembre 2018

D'or

J’aime le regarder, sentir sa chaleur envahir mon corps. Savoir qu’il illumine mon être de sa lumière m'inonde d'une douceur enivrante. Chaque fois que je le perds des yeux, ma peau se rétracte et mes sens s'affolent. Je ne peux vivre sans lui.

Un matin gris et sombre, je me suis retrouvé sans forces et prêt à me laisser m’enfoncer dans la fange la plus noire. Mon cœur s’impatientait en faisant des bonds désordonnés dans ma poitrine. Mes yeux fatigués de rester ouverts le cherchaient avec frénésie. Je me sentais déprimé et sans goût. Une odeur de cendres asséchait ma bouche pourtant si volatile.

J’avais faim de reprendre des forces et de le voir à mes côtés. J'ai décidé de prendre de la hauteur et d’aller jusqu’à lui. J'ai obligé mon cerveau à voyager et à voir par delà les nuages. Laisser libre court à mon imagination me faisait grignoter des éclats de temps. Quelques secondes semblables à des effilochés de légèreté gravissant des montagnes d’horizon. Accroché aux ailes de poussière des minutes de plumes s'enfonçaient pleines de bulles d'air. Quand les heures parurent si longues les éclats de morsures marquaient ma peau fragile. Je dérivais saigné à blanc par une danse effrénée d'attaques poinçonnant mes paumes de rouge. Mon voyage touchait à sa fin et la soif de liberté m'avait conduit dans des méandres désordonnés de mon esprit inanimé.

La mort m'a rattrapé de justesse entre deux délires virtuels. J'ai dérivé, flottant, entre deux adresses. Perdu dans ma sphère, j’attendais avec impatience, la percée brutale et apaisante de mon ami.

Enfin, tu es là, pour m’accompagner dans mon dernier royaume. Ma dernière chambre qui sera ma prison dorée, brillera de tes mille feux. Sans entraves je pourrai assister à ton dernier bûcher. Ma demeure est la tienne. Fais d'elle ce que tu veux.

Fais éclater ta joie une dernière fois, mon ami…

Le soleil….