Tu m'as dit un jour de ne pas avoir peur. De grandir sans me soucier du destin des autres mais plus du mien. Gravir sans m’arrêter les marches de la vie. Regarder de temps à autre les arbres fleurir et se faner. Rire des belles choses et ne pas regretter de ne pas avoir eu mais jamais de ne pas avoir été. Avoir su montrer mes larmes et ne pas les retenir malgré la douleur.
J’entendais tes paroles si vraies me dire ce que je ne voulais pas voir. J’attendais que le soir tombe et j’allais me promener sur les plages de notre départ. Celles qui nous avaient vus naître ensemble. Celles qui ont fait de nous ce que nous sommes. Celles qui ont assisté à ce que nous étions et ne serons plus. Ensemble.
J'ai longtemps parcouru les chemins imaginaires qui me menaient à de sombres horizons et de lumières crues. Vides de cet essentiel qui nous maintenaient vivants. Aujourd'hui je ne suis qu'un point parmi tant d’autres dans cet univers triste et morbide. Je suis en vie mais mort à l’intérieur. J'erre sans buts, dans les méandres froids et sans âmes de mon imagination. Je suis sans idées une route épurée de goûts. Sans envie ni raison je me traîne dans l'espoir de trouver l’étincelle qui me ramènera vers des eaux plus sauvages. Je n’ai plus faim d'espaces ni de soleil mais bien de solitude acharnée pour rester à tes côtés.
La mer, lisse et soyeuse, se montre compréhensive à mon égard. Elle se fait vague et fourmille de caresses embrumées. Le soleil se fond dans son antre et me regarde me liquéfier tandis que je me noie dans les hurlements du vent. J'ai du mal à respirer et mes yeux s'imbibent de cette odeur charnelle si docile. Je marche à contre-courant comme si je pouvais retenir le temps entre mes doigts. Mais au lieu de s’accrocher il file et le sable pleure de ne pas être de pierre.
J'ai cru pouvoir te rejoindre mais tu étais le mirage qui me trainait dans le désert de mon amour propre. Jamais je n’aurais pensé que tu ne serais plus avant moi. Avant nous.
Après moi, il n'y aura que poussière et amertume. Illusions et infantiles dégoûts. Désillusions et mortelle escapade. Sagesse et cruelle sentinelle. Envie et amour perdu.
Je te regarde dormir et je ne peux m’empêcher de me demander quand nous serons ensemble. Un jour, l’espace d'un instant, ou une nuit l’espace d’une courte vie.
Je te regardais dormir et je me voyais sombrer lentement dans ce tapis doux qui me rappelait l'herbe sauvage des forêts animales. Cette senteur si particulière que j’ai pu croiser alors que je t'attendais en silence.
La nature m'annonçait ton arrivée proche et pourtant encore lointaine. J’aurais aimé grandir plus vite mais le temps ne se pressait pas. Tandis que le mien l’était. Un jour tu serais là.
Mais quand ?
Et tu m'es apparue, alors que je nageais entre deux eaux, le courant m'a fait palpiter plus loin que les abysses sentimentaux n'auraient joué avec les thermes souterrains. Un choc frontal nous a fait perdre le sens de la rosée matinale. J'ai vu sur tes joues une fleur de perle glisser le long des parois lisses et vierges d'émotions brutes. Tu as ouvert tes lèvres et j'ai glissé mon regard dans les entrailles de ta bouche humide. Tu m'as dit d'une voix douce que j'étais là et que tu me cherchais. Je t'ai répondu que je savais et que je t'attendais.
Maintenant c'est toi qui m'attends. Depuis que tu dors, je n'ai cessé de repenser à notre histoire qui ne se terminera jamais. Parce qu'un jour nous serons ensemble, encore et toujours.
À bientôt...
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