Mon cœur saigne et mes yeux se noient. Je suis triste de perdre ce qui me faisait sourire chaque matin.
Au réveil je sentais déjà son regard s’abattre sur ma bouche sèche et pâteuse. L’océan de caresses s'emparait de mon corps et laissait son empreinte cachée sous les draps. Une pluie de baisers dévastait mes lèvres et les laissait affamées de picotements. Souvent je me perdais dans le vert de ses yeux. Je sentais ses mains douces et agiles glisser sur mon corps. La chaleur de ses seins me transperçait la peau. Épuisé par tant d’efforts pour rester éveillé je m'abandonnais dans cette prison de plumes. Souvent elle finissait par gémir et son souffle régulier me parvenait depuis l'autre monde. Je flottais entre deux nuages, sombrant doucement dans une chevauchée sauvage et haletante. Des bruits de sabots et des cris étouffés me faisaient frissonner. Mon cœur s'emballait et la pression artérielle de nos sangs bouillonnants nous faisait hurler à l’unisson.
Je la sentais s’allonger sur moi et me serrer dans ses bras doux. Je caressais son dos en lui murmurant des paroles d’amour. Elle s’abandonnait avant de sombrer dans des abysses tumultueuses et cycloniques. Nous reprenions nos souffles et nous nous rendormions après l'orage imaginaire.
Ce jour-là ce fut le dernier et la tempête s'est abattue sur mon oreiller. Je me suis retrouvé seul en mer comme un naufragé guettant une île pour reprendre son souffle. Les vagues bourdonnaient et le désordre affectif a sonné la fin du voyage. L’amertume grisonnante et le chagrin ont rendu cette plage de délivrance inapte à m'accueillir seul et décharné. Un soleil éblouissant me brûlait les yeux et rendait aveugle ma poursuite vers une route plus solitaire. J'ai mis des années avant de m’apercevoir que je n'avançais pas. J’étais immobile au même endroit à fixer l’horizon espérant une lueur verte. Et pourtant le son d'une sirène faisait écho mais ce n’était pas sa voix. C’était celle du bateau sensé me ramener vers le monde des tremblements.
J’ai assisté à sa crémation. Je l'ai dispersée aux vents pour qu'elle puisse me retrouver sur cette île. Nous serons perdus, tels des Robinson, à consommer notre faim et notre soif de l'autre.
Et si nous entendons une sirène nous saurons qu'elle n’est pas celle que vous croyez. Elle sonnera le glas de notre éternité. De notre éternel amour d’être enfin réunis.
D'être ensemble….
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