Seul, face à la page blanche, je dérive doucement en cherchant mes mots. Quelle direction choisir et quelles envies me guideront à remplir ces lignes pour l’instant vierges. Je m’envole, les yeux ouverts, une cigarette à la main.
À travers les carreaux de la fenêtre, le ciel se teinte lentement d’orange et de rouge. Le soleil va bientôt entrer en scène. Le rideau de sa scène s’emplit d'une onde lumineuse et brumeuse.
Je pense soudain à Julie, cette femme mystérieuse qui, toute habillée de noir, a percé ma carapace. Il y a dans ses mots une part de tristesse et d’amertume, semblant trouer le plafond de verre de mon indifférence. Elle a gratté avec une infinie douceur les couches invisibles et tortueuses de mon caractère désordonné. Je me suis senti glisser, perdre pied et tomber inexorablement vers ses mains ouvertes pour me recueillir. Mes sens, pris dans un tourbillon d'ivresse enchantée, ont sombré dans un abîme sans fond.
Et puis, j’ai refait surface à la lueur d'une larme perlant sur ma peau usée. L’éclosion m'a fait renaître dans un océan d’envies salées. Ma bouche goûtait le sel de ses lèvres. Et un jour, elle est partie, me laissant inachevé.
Repenser à sa silhouette, lézardant sur les murs, oppresse mon cœur et creuse en moi un sillon de solitude. L’espoir de la revoir disparaît au fur et à mesure que ma cicatrice se referme. Et pourtant, il s'est passé quelque chose d'inexplicable entre nous. Son regard me hante et sa main sur mon épaule me manque.
Il fait jour. Je suis parti loin, par delà l’horizon, grappillant au passage des effilochés de nuages. Ressenti des éclats de rayons et offrant mon visage à l’humidité naissante de l'aurore.
J’écris le mot fin sur ma feuille blanche.
Il est temps d’aller dormir pour ne pas oublier ce rêve…
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