vendredi 28 décembre 2018
Aquarius
J’assiste à mon dernier coucher de soleil.
Dans mes yeux fatigués, les couleurs se reflètent en les teintant d'amertume. Un voile de larmes floute mes dernières images de l’horizon flamboyant. Une légère brise emporte avec elle mes instants de bonheur. Ces éclats s'envolent pour mourir dans les murmures des vagues compréhensives. Je me sens vide, perdu et désemparé.
Mon cœur est prisonnier de son cercueil.
Du haut de cette falaise je me laisse dériver entre les limbes souterrains, cherchant sa présence enfouie au plus profond de mon âme. Celle qui a enchanté ma vie, embellissant de pétales mon chemin, s'est fanée, assombrissant la lueur vacillante de mon regard.
J'ai froid…
Elle a brisé les chaines de mon passé et fendu la pierre qui habillait mon cœur, exempt de tout sentiment. Elle s'est immiscée lentement dans les méandres tortueux et soufflé un parfum aux senteurs délicates. Elle promenait ses doigts fins sur mes cicatrices et caressait l'espoir de redonner un souffle d'envie sur ma peau meurtrie. Sa bouche embrassait mes silences et sa langue léchait mes lèvres muettes. Elle déchirait avec passion le cocon de mon impassibilité. Des filaments parsemaient les draps de nos ébats fougueux.
Aujourd'hui, elle est partie, envolée et éparpillée aux quatre vents. La terre est son écrin et la mer porte en elle ses dernières paroles. De temps à autre les vagues nourrissent l'air de tendres écueils. Des je t'aime imaginaires me parviennent du lointain. Je sens que je ne pourrai bientôt plus résister à ces appels.
Le soleil se meurt, laissant derrière lui une traînée de couleurs impalpables. Mon cœur saigne, ouvert sur une noirceur ancienne.
Tu me manques…
Hier, j'ai fleuri ta tombe, ramenant un morceau de soleil, perdu entre deux pierres grises et délavées. Dans ce triste endroit, je me suis laissé tomber, incapable de tenir droit. La joue sur ton ventre je cherchais le souffle qui me ferait avancer à nouveau. Mon oreille n’entendait rien d’autre que le bruit de mes battements. J’étais bien, plongé dans mes souvenirs.
Le temps d’un instant.
Mon regard se porte sur le ciel déchiré, défait de n’être qu'un spectateur silencieux, laissant éclater sa tristesse et tremper mon être décharné. Ma tête s'ennuie de ses rires, de sa voix. Elle savait me faire grandir, si haut, que j’aurais pu toucher les étoiles et embrasser certaines constellations.
Mais dans mes souvenirs, elle a fait bien plus que briser ma chrysalide. Elle m'a construit un monde connu de nous seuls. Coupés par une rencontre insolite, nous avons bâti des remparts, scellés nos lèvres à cet espace imaginaire. Ce lieu nous protège des affres de la vie et contribue à ne pas nous éloigner loin de l’autre. J'y retourne parfois, mais les saveurs sont fades et manquent de lumière chaleureuse. Depuis qu'elle n'est plus, l’endroit me paraît incertain et dénué d'entrain. Je m'applique à parcourir les rues et à m’asseoir dans les dunes en fleurs mais le sable me semble glacé sous mes pieds.
Je voudrais tant que tu sois là, une dernière fois. Me susurrer des mots enrobés d'amour et légèrement saupoudré de douceur. Ta voix manque à mes courts instants de lucidité. Je rêve de m'évader, de parcourir le monde offert à mes pieds fatigués. De fendre les océans, caresser les vagues millénaires et les voir mordre les rochers impassibles. Sentir la chaleur grisante de tes regards amoureux.
Tu me manques.
J’ai en bouche le souvenir d'un goût de cendres. Te voir libre et immortelle, effleurer les airs de tes pas feutrés. Les mains tendues, je t'ai sentie glisser et t'échapper, emportée par le vent enchanté de t'avoir à ses côtés.
Tu vogues, surfant sous les alizés, pourfendant d'un air nonchalant la mer tel un navire esseulé. Ta liberté me rappelle que je ne suis qu'un homme, une chaloupe perdue dans l’océan de ma tristesse. Je dérive, ballotté par les tempêtes, les yeux rougis par le manque.
Un jour nous serons ensemble, et ce jour-là, ce sera un nouveau commencement…
Aquarius, Décembre 2018
mercredi 5 décembre 2018
Orange
Sentir le parfum de ses lèvres. Goûter l’amertume de sa bouche et entendre les papillons voler dans son ventre. Caresser sa langue avec la mienne et voir une singularité se former dans ses yeux.
Comment ne pas sombrer et se perdre dans le nuage immense de son être. J'ai dérivé en m'accrochant aux repères virtuels posés ici et là dans les méandres olfactifs de son désir. Poussé par une infinie douceur de me consumer lentement dans un univers constellé de battements sourds.
Je perdais pied tandis que grandissait en elle une vague silencieuse de plaisir. J'emprisonnais ses seins tout en mordillant son cou, me rapprochant dangereusement de sa carotide. Le goût du sang se fit plus proche.
Dans un rêve j'ai entendu son cri briser le silence de nos corps enlacés.
Le ciel s’est déchiré en éclats bleus. Et le rouge s'est déversé dans un torrent bouillonnant. Mes yeux se sont teintés de larmes pendant que le noir habillait les gens du cimetière.
J’étais seul, isolé dans ma bulle de verre.
Devant moi, la pierre tombale de mes cauchemars ornait la grisaille du matin.
Des roses orange fanées se mouraient d'ennui.
Mon corps se lamentait d'être vivant. Prisonnier de cet état je m’enfonçais dans un abîme sans fin. Ivre d’évasion je m'envolais le cœur en lambeaux et le soleil dans le dos. Je cherchais à disparaître sans laisser de traces. Dans ce monde virtuel je connaissais un endroit dénué de tristesse. Un refuge pour âme déchue. Libre de danser sous les étoiles et parsemer les chemins escarpés de morceaux d'envie.
Loin de ce lieu immobile, enseveli sous des tonnes d’histoires cassées par le temps, craquelé par les morsures anachroniques. J'ai gardé dans mes souvenirs une myriade de poussières polies par des années à panser mes blessures.
Allongé sur le dos, au milieu de ces ruines délavées j'ai senti qu'elle était là, à me regarder me vautrer dans la fange de nos ébats capricieux. Elle infiltrait mes pensées malheureuses et s’endormait paisiblement, son souffle sur mes joues humides.
J’ai assisté à mon enterrement, délaissé de mon enveloppe mortelle.
Depuis nous vivons nos noces funèbres, unis par les liens sacrés de la mort.
Ensemble, pour toujours…
Comment ne pas sombrer et se perdre dans le nuage immense de son être. J'ai dérivé en m'accrochant aux repères virtuels posés ici et là dans les méandres olfactifs de son désir. Poussé par une infinie douceur de me consumer lentement dans un univers constellé de battements sourds.
Je perdais pied tandis que grandissait en elle une vague silencieuse de plaisir. J'emprisonnais ses seins tout en mordillant son cou, me rapprochant dangereusement de sa carotide. Le goût du sang se fit plus proche.
Dans un rêve j'ai entendu son cri briser le silence de nos corps enlacés.
Le ciel s’est déchiré en éclats bleus. Et le rouge s'est déversé dans un torrent bouillonnant. Mes yeux se sont teintés de larmes pendant que le noir habillait les gens du cimetière.
J’étais seul, isolé dans ma bulle de verre.
Devant moi, la pierre tombale de mes cauchemars ornait la grisaille du matin.
Des roses orange fanées se mouraient d'ennui.
Mon corps se lamentait d'être vivant. Prisonnier de cet état je m’enfonçais dans un abîme sans fin. Ivre d’évasion je m'envolais le cœur en lambeaux et le soleil dans le dos. Je cherchais à disparaître sans laisser de traces. Dans ce monde virtuel je connaissais un endroit dénué de tristesse. Un refuge pour âme déchue. Libre de danser sous les étoiles et parsemer les chemins escarpés de morceaux d'envie.
Loin de ce lieu immobile, enseveli sous des tonnes d’histoires cassées par le temps, craquelé par les morsures anachroniques. J'ai gardé dans mes souvenirs une myriade de poussières polies par des années à panser mes blessures.
Allongé sur le dos, au milieu de ces ruines délavées j'ai senti qu'elle était là, à me regarder me vautrer dans la fange de nos ébats capricieux. Elle infiltrait mes pensées malheureuses et s’endormait paisiblement, son souffle sur mes joues humides.
J’ai assisté à mon enterrement, délaissé de mon enveloppe mortelle.
Depuis nous vivons nos noces funèbres, unis par les liens sacrés de la mort.
Ensemble, pour toujours…
dimanche 18 novembre 2018
Nue
Je me suis retrouvée dans cette pièce noire. Si sombre que mes yeux me faisaient mal à force de percer la lumière. Envahie par les idées glacées qui frappaient à la porte de mon cerveau embrumé. J'ai eu peur de n’être qu'une poussière perdue dans l’immensité de mon désespoir. Je guettais les moindres signes, me rappelant sans cesse que je n’étais pas encore morte.
Je repensais aux derniers jours qui m'avaient conduite à cette lente agonie. Des instants de lucidité échoués dans cet abîme de désolation.
Des instants de soleil embrasaient les remparts en lambeaux de ma vie déchiquetée. Des morceaux de ciel fracassaient des lames à l’écume blanche sur les falaises de ma solitude décharnée.
Je me revoyais, assise sur ce banc, attendant que l’horizon change de couleurs. Que mes joues se peignent d'orange et de jaune. Que mes lèvres rosées goûtent enfin à l’infinie douceur de son souffle. L’amère victoire de ma tristesse dans ce monde utopique soit la réelle découverte d’une illusion préfabriquée. J’attendais avec impatience son désir de me rencontrer pour fonder son empire imagé.
J’étais là et lui était en retard.
La fragilité qui m'habitait encerclait mes pensées sauvages et emprisonnait ma poitrine dans un écrin aux pétales irisés. Je tremblais, incapable de retenir mes larmes défigurant ma peau fraîche. Je fixais ces arbres aux feuilles colorées me désolant de leur nudité automnale.
J'ai quitté ce parc, laissant derrière moi la grisaille et le couchant et suis rentrée seule, le regard dans le vague. Mon cœur meurtri pleurait en silence tandis que mes jambes se faisaient lourdes.
Chez moi, je pris un thé noir et un bain. L’eau chaude me fit du bien mais ne suffit pas a réchauffer les endroits glacés de mon corps endolori.
Des gouttes rouges perlèrent de ma peau nue et teinta la baignoire de rose. Je ne me rappelais pas de ces gestes étranges. Ma bouche s'ouvrit sur un sanglot étouffé. La vie s’échappait et moi je m'envolais.
Isolée entre les murs de ma prison, je sombrais dans un océan de coton. Lovée dans une emprise imaginaire je perdais pied, transportée dans un coma abyssal. Entraînée par une main gigantesque, je me sentais légère comme une plume. Des visions de mon passé s'ouvraient et m'invitaient à les rejoindre.
Je dérivais, sans but et sans encombres.
Et soudain, une lumière blanche a éclairé mon univers déchu. Une voix se faisait entendre au lointain. Les murs de ma pièce sont tombés sur le plancher de mes peurs.
J'ai ouvert les yeux sur ma renaissance.
Il était là, son regard plongé dans le mien. Ses yeux dorés frappaient a la porte de son amour. J'ai déchiré les barreaux de papier et brûlé les actes de faiblesse.
Pour lui, j’irais décrocher la lune de son piédestal car la mort n'est pas mon but mais une finalité.
Merci d'être passé le temps d’un instant ...
Je repensais aux derniers jours qui m'avaient conduite à cette lente agonie. Des instants de lucidité échoués dans cet abîme de désolation.
Des instants de soleil embrasaient les remparts en lambeaux de ma vie déchiquetée. Des morceaux de ciel fracassaient des lames à l’écume blanche sur les falaises de ma solitude décharnée.
Je me revoyais, assise sur ce banc, attendant que l’horizon change de couleurs. Que mes joues se peignent d'orange et de jaune. Que mes lèvres rosées goûtent enfin à l’infinie douceur de son souffle. L’amère victoire de ma tristesse dans ce monde utopique soit la réelle découverte d’une illusion préfabriquée. J’attendais avec impatience son désir de me rencontrer pour fonder son empire imagé.
J’étais là et lui était en retard.
La fragilité qui m'habitait encerclait mes pensées sauvages et emprisonnait ma poitrine dans un écrin aux pétales irisés. Je tremblais, incapable de retenir mes larmes défigurant ma peau fraîche. Je fixais ces arbres aux feuilles colorées me désolant de leur nudité automnale.
J'ai quitté ce parc, laissant derrière moi la grisaille et le couchant et suis rentrée seule, le regard dans le vague. Mon cœur meurtri pleurait en silence tandis que mes jambes se faisaient lourdes.
Chez moi, je pris un thé noir et un bain. L’eau chaude me fit du bien mais ne suffit pas a réchauffer les endroits glacés de mon corps endolori.
Des gouttes rouges perlèrent de ma peau nue et teinta la baignoire de rose. Je ne me rappelais pas de ces gestes étranges. Ma bouche s'ouvrit sur un sanglot étouffé. La vie s’échappait et moi je m'envolais.
Isolée entre les murs de ma prison, je sombrais dans un océan de coton. Lovée dans une emprise imaginaire je perdais pied, transportée dans un coma abyssal. Entraînée par une main gigantesque, je me sentais légère comme une plume. Des visions de mon passé s'ouvraient et m'invitaient à les rejoindre.
Je dérivais, sans but et sans encombres.
Et soudain, une lumière blanche a éclairé mon univers déchu. Une voix se faisait entendre au lointain. Les murs de ma pièce sont tombés sur le plancher de mes peurs.
J'ai ouvert les yeux sur ma renaissance.
Il était là, son regard plongé dans le mien. Ses yeux dorés frappaient a la porte de son amour. J'ai déchiré les barreaux de papier et brûlé les actes de faiblesse.
Pour lui, j’irais décrocher la lune de son piédestal car la mort n'est pas mon but mais une finalité.
Merci d'être passé le temps d’un instant ...
mardi 13 novembre 2018
Brumes
Dans les brumes de son parfum je me suis enfoncé plus loin que l’horizon. Mes doigts se sont agrippés à des effluves escarpés et j'ai dérivé amer et frissonnant. Mes yeux ont perdu pied et j'ai glissé comme une ombre sur un mur brisé. Depuis les abîmes de son corps j'ai affronté des vagues de douceur et des tempêtes de caresses. Plongé dans l'ivresse de sa bouche je reprenais goût à l'envie de l'entendre me susurrer des gentillesses.
J'ai compris plus tard que son cri serait le dernier de son amour. J’entendais son cœur battre et ses mains me serrer les bras. Une onde sauvage m’a emporté me laissant détruit et gisant dans les flammes étoilées. Le froid s'est abattu sur nous, laissant des perles salées tacher nos ardeurs encore chaudes. Les senteurs fruitées parsèment les rondeurs ardentes et brisées de notre entente nouvelle.
Je sors dans la nuit, humer l’air serein et calme. Son visage se cache dans mon regard grisé. Parmi toutes ces étoiles, celle de Zeta me rappelle qui je suis. Comme elle j’ai un double, un miroir, une goutte d'eau.
Dans ma tête c’est le chaos. Et dans le ciel une explosion de couleurs teinte mon visage. Une image s'imprime sur ma rétine. Je revois ma planète. Des nuages effilochés tombent dans un océan de poussières filantes. Depuis mon observatoire je devine des nébuleuses géantes grimaçant d’incertitude et gravissant sans cesse autour de ma personne.
Aujourd'hui je suis ici demain je serai là bas.
Entre les deux un monde, à l’intérieur elle.
Mon double me regarde de l'autre côté du miroir.
Et si cet espace de verre venait à se briser, serais-je moi aussi prisonnier du temps ?
Incapable de décider lequel de nous sera celui qui mènera la danse. Celui qui s'envolera rejoindre les étoiles et fera le tour de l'univers, perdu dans les méandres du temps. Nageant avec les comètes et flottant pris entre des poussières et des météorites. Devenant à son tour un point dans la nuit.
J'émerge de mon sommeil, je suis seul, vidé et assoiffé. Une main se pose sur mon épaule et m’entraîne à la recherche du temps perdu. Je me noie de nouveau et repars faire un tour du coté de chez moi.
J'ai compris plus tard que son cri serait le dernier de son amour. J’entendais son cœur battre et ses mains me serrer les bras. Une onde sauvage m’a emporté me laissant détruit et gisant dans les flammes étoilées. Le froid s'est abattu sur nous, laissant des perles salées tacher nos ardeurs encore chaudes. Les senteurs fruitées parsèment les rondeurs ardentes et brisées de notre entente nouvelle.
Je sors dans la nuit, humer l’air serein et calme. Son visage se cache dans mon regard grisé. Parmi toutes ces étoiles, celle de Zeta me rappelle qui je suis. Comme elle j’ai un double, un miroir, une goutte d'eau.
Dans ma tête c’est le chaos. Et dans le ciel une explosion de couleurs teinte mon visage. Une image s'imprime sur ma rétine. Je revois ma planète. Des nuages effilochés tombent dans un océan de poussières filantes. Depuis mon observatoire je devine des nébuleuses géantes grimaçant d’incertitude et gravissant sans cesse autour de ma personne.
Aujourd'hui je suis ici demain je serai là bas.
Entre les deux un monde, à l’intérieur elle.
Mon double me regarde de l'autre côté du miroir.
Et si cet espace de verre venait à se briser, serais-je moi aussi prisonnier du temps ?
Incapable de décider lequel de nous sera celui qui mènera la danse. Celui qui s'envolera rejoindre les étoiles et fera le tour de l'univers, perdu dans les méandres du temps. Nageant avec les comètes et flottant pris entre des poussières et des météorites. Devenant à son tour un point dans la nuit.
J'émerge de mon sommeil, je suis seul, vidé et assoiffé. Une main se pose sur mon épaule et m’entraîne à la recherche du temps perdu. Je me noie de nouveau et repars faire un tour du coté de chez moi.
samedi 10 novembre 2018
Dérive
Allongée sur le toit de sa maison, les mains derrière la tête Julie ferma les yeux. Alors que dans le ciel des déchirures rouges et orangées apparaissaient, faisant croire que le soleil pleurait des larmes de sang. Entourée de chants d'oiseaux, elle baissa sa garde et s'enfonça profondément dans une bulle de rêve.
Son esprit avisé l'amena sans détours vers une page blanche au premier abord. Mais si on s’approche d'un peu plus près on aperçoit des falaises érodées et sculptées par la mer depuis des années. Leurs contours ciselés sont caressés et façonnés par une dame aussi âgée que la terre. Ses vagues, déchirantes et suicidaires viennent mourir au pied des rochers, les noyant sous une affection débordante de baisers mouillés et glissants.
Julie porta son regard sur les hauts murs entourant et isolant ainsi la cité imaginaire. Elle se promena dans les ruelles et les sentiers sinueux, laissant derrière des morceaux de sa vie éparpillés, volant sous le vent frais. Ses longs cheveux blonds flottaient et ses pieds fins touchaient à peine le sol de sable.
Soudain, elle l’aperçut, cet endroit si fascinant, que l'on appelait le Samarcande. Tous les chemins mènent au centre. Elle découvrit qu'il y en avait douze comme les signes du zodiaque. Elle se souvint vaguement de son ami le sagittaire, cet être unique, partagé entre l’envie et le rêve. Il y avait d’ailleurs son signe gravé sur un des hauts murs desservant la place circulaire, parsemée d'arbres et de fontaines. Quelques îlots de couleur tranchant sur le blanc et l'ocre principaux.
Elle était venue pour se reposer mais elle sentit que son cœur lui faisait si mal qu'elle crut qu'il allait exploser, déchirant sa poitrine douce et sensible. Perdue dans ses pensées elle poussa un long cri de détresse qui mourut doucement brisé sur les murs lisses et pales. Julie sentit quelque chose tendre le tissu dans son dos et compresser ses seins. Une vague aiguë de douleur la fit pleurer brutalement. Surprise elle s'empressa d'ôter son vêtement et tenta de regarder par-dessus ses épaules. Elle vit que deux protubérances blanches, douces et molles sortaient lentement de son dos.
Qui était-elle en train de devenir ?
La peur s'empara et elle resta, figée sur ses pieds, à regarder tout autour. Peut-être qu'elle n’était pas seule. Peut-être qu’elle ne l'avait jamais été. Elle était angoissée à l’idée de découvrir ce qui l’avait fait revenir sur les lieux de son enfance. Torturée de n'avoir jamais envisagé que son destin soit aussi différent de ses envies.
Prendre son envol, parcourir les horizons à la recherche des lieux les plus inavouables et des eaux les plus pures. Sentir la froideur des vents polaires glacer ses lèvres douces. Succomber aux chaleurs les plus torrides dans les déserts les plus sauvages et inhabités.
Et, quand, tu te réveilleras, je m'en irai sur la pointe des pieds, silencieux. Telle une ombre se glissant dans le reflet de ton âme. Je grandirai en secret, me lovant dans l'antre de ton cœur en broyant tes idées noires. Je danse sous le vent de ton corps, embrassant les zones claires et abîmant d'une douceur persistante les relents opprimés de ton côté noir. Je déchire tes envies malsaines et caresse tes mains mielleuses de senteurs inachevées.
Tu erres, défiant de ce regard azuré, les intrus déchus de ton royaume décoré de bulles et de plumes. Tu les rassures de ne plus les revoir ici et là, mordant les craintes d'une dent implacable.
Le sagittaire se fond dans ce décor perdu, isolé des habitudes et griffé d'une amertume légèrement parfumée au safran. Tant qu’il n'aura pas décoché sa flèche, il sera là, parcourant les airs d’une bienveillance dorée.
Croisera -t-il un jour le chemin de Julie ?
À suivre…
Son esprit avisé l'amena sans détours vers une page blanche au premier abord. Mais si on s’approche d'un peu plus près on aperçoit des falaises érodées et sculptées par la mer depuis des années. Leurs contours ciselés sont caressés et façonnés par une dame aussi âgée que la terre. Ses vagues, déchirantes et suicidaires viennent mourir au pied des rochers, les noyant sous une affection débordante de baisers mouillés et glissants.
Julie porta son regard sur les hauts murs entourant et isolant ainsi la cité imaginaire. Elle se promena dans les ruelles et les sentiers sinueux, laissant derrière des morceaux de sa vie éparpillés, volant sous le vent frais. Ses longs cheveux blonds flottaient et ses pieds fins touchaient à peine le sol de sable.
Soudain, elle l’aperçut, cet endroit si fascinant, que l'on appelait le Samarcande. Tous les chemins mènent au centre. Elle découvrit qu'il y en avait douze comme les signes du zodiaque. Elle se souvint vaguement de son ami le sagittaire, cet être unique, partagé entre l’envie et le rêve. Il y avait d’ailleurs son signe gravé sur un des hauts murs desservant la place circulaire, parsemée d'arbres et de fontaines. Quelques îlots de couleur tranchant sur le blanc et l'ocre principaux.
Elle était venue pour se reposer mais elle sentit que son cœur lui faisait si mal qu'elle crut qu'il allait exploser, déchirant sa poitrine douce et sensible. Perdue dans ses pensées elle poussa un long cri de détresse qui mourut doucement brisé sur les murs lisses et pales. Julie sentit quelque chose tendre le tissu dans son dos et compresser ses seins. Une vague aiguë de douleur la fit pleurer brutalement. Surprise elle s'empressa d'ôter son vêtement et tenta de regarder par-dessus ses épaules. Elle vit que deux protubérances blanches, douces et molles sortaient lentement de son dos.
Qui était-elle en train de devenir ?
La peur s'empara et elle resta, figée sur ses pieds, à regarder tout autour. Peut-être qu'elle n’était pas seule. Peut-être qu’elle ne l'avait jamais été. Elle était angoissée à l’idée de découvrir ce qui l’avait fait revenir sur les lieux de son enfance. Torturée de n'avoir jamais envisagé que son destin soit aussi différent de ses envies.
Prendre son envol, parcourir les horizons à la recherche des lieux les plus inavouables et des eaux les plus pures. Sentir la froideur des vents polaires glacer ses lèvres douces. Succomber aux chaleurs les plus torrides dans les déserts les plus sauvages et inhabités.
Et, quand, tu te réveilleras, je m'en irai sur la pointe des pieds, silencieux. Telle une ombre se glissant dans le reflet de ton âme. Je grandirai en secret, me lovant dans l'antre de ton cœur en broyant tes idées noires. Je danse sous le vent de ton corps, embrassant les zones claires et abîmant d'une douceur persistante les relents opprimés de ton côté noir. Je déchire tes envies malsaines et caresse tes mains mielleuses de senteurs inachevées.
Tu erres, défiant de ce regard azuré, les intrus déchus de ton royaume décoré de bulles et de plumes. Tu les rassures de ne plus les revoir ici et là, mordant les craintes d'une dent implacable.
Le sagittaire se fond dans ce décor perdu, isolé des habitudes et griffé d'une amertume légèrement parfumée au safran. Tant qu’il n'aura pas décoché sa flèche, il sera là, parcourant les airs d’une bienveillance dorée.
Croisera -t-il un jour le chemin de Julie ?
À suivre…
mardi 30 octobre 2018
Explore
Elle me regarde, de cet air intriguant et tellement adorable. Sa bouche me sourit mais ses mains tremblent. Sa poitrine se soulève et danse sous ses vêtements. J'ai envie de la prendre et de la caresser.
J'ai peur, j'ai froid, je voudrais me réveiller. Je le suis déjà.
Son front, collé à cette vitre, semble vouloir passer à travers. Ses longs cheveux se promènent tels des acrobates du ciel. Des larmes coulent sur ses joues rosiers par l’émotion.
La bouche cendreuse je la regarde s’éloigner vers un lointain horizon. Des poussières de souvenirs s’accrochent à mon esprit vide. Des lambeaux de rêve s’effilochent en griffant mes envies de caresses. Je dérive, perdu, isolé dans une mer glaciale, froide de silences déchirés. Des larmes de souffrance s'abattent sans un cri sur l'agonie de mon cerveau embrumé. Je me noie, je suffoque, j’aspire mais aucun son ne sort de ma gorge dépouillée d'amour. Je reste là, hébété, à fixer ce train qui s'en va.
J'ai peur soudain, de marcher dans cette nuit noire, avide de monstres sans corps. L’éclairage de néons blafards éclaire mes pas les plus sombres. J’avance pris au piège dans cet antre nébuleux à courir après les ravages du temps.
L’océan de candeur a fait naufrage sur mon corps et délavé les odeurs sablonneuses des parfums de sa bouche. Elle a nettoyé les traces volcaniques que la grisaille avait peinte sur mon visage. Ses mains ont lissé les plaintes des coquillages de mes cheveux noirs comme le souffle des enfers.
J’ai attendu que le soleil se lève pour gravir les marches qui m'amèneraient dans un refuge libre de sens. Je m’enfonce sans m'en rendre compte dans un désert affectif vide de l’essentiel. Son odeur manque à ma certitude de n’être plus qu'un morceau d’éclat brisé par les lettres de son absence. Je dérive progressivement vers une rivière assoiffée de peurs infinies. Mon cœur se serre et ma langue se prive du bruit de ses mots.
Je ne ressens que tristesse et douleur. Dans cette tempête émotionnelle je vole pris dans un tourbillon de déchirures mentales qui m'entraînent vers une funèbre destination.
Le train est parti depuis longtemps mais moi je suis toujours là, à compter le temps qui nous sépare de nos retrouvailles.
Le temps qui me sépare de toi.
J'ai peur, j'ai froid, je voudrais me réveiller. Je le suis déjà.
Son front, collé à cette vitre, semble vouloir passer à travers. Ses longs cheveux se promènent tels des acrobates du ciel. Des larmes coulent sur ses joues rosiers par l’émotion.
La bouche cendreuse je la regarde s’éloigner vers un lointain horizon. Des poussières de souvenirs s’accrochent à mon esprit vide. Des lambeaux de rêve s’effilochent en griffant mes envies de caresses. Je dérive, perdu, isolé dans une mer glaciale, froide de silences déchirés. Des larmes de souffrance s'abattent sans un cri sur l'agonie de mon cerveau embrumé. Je me noie, je suffoque, j’aspire mais aucun son ne sort de ma gorge dépouillée d'amour. Je reste là, hébété, à fixer ce train qui s'en va.
J'ai peur soudain, de marcher dans cette nuit noire, avide de monstres sans corps. L’éclairage de néons blafards éclaire mes pas les plus sombres. J’avance pris au piège dans cet antre nébuleux à courir après les ravages du temps.
L’océan de candeur a fait naufrage sur mon corps et délavé les odeurs sablonneuses des parfums de sa bouche. Elle a nettoyé les traces volcaniques que la grisaille avait peinte sur mon visage. Ses mains ont lissé les plaintes des coquillages de mes cheveux noirs comme le souffle des enfers.
J’ai attendu que le soleil se lève pour gravir les marches qui m'amèneraient dans un refuge libre de sens. Je m’enfonce sans m'en rendre compte dans un désert affectif vide de l’essentiel. Son odeur manque à ma certitude de n’être plus qu'un morceau d’éclat brisé par les lettres de son absence. Je dérive progressivement vers une rivière assoiffée de peurs infinies. Mon cœur se serre et ma langue se prive du bruit de ses mots.
Je ne ressens que tristesse et douleur. Dans cette tempête émotionnelle je vole pris dans un tourbillon de déchirures mentales qui m'entraînent vers une funèbre destination.
Le train est parti depuis longtemps mais moi je suis toujours là, à compter le temps qui nous sépare de nos retrouvailles.
Le temps qui me sépare de toi.
dimanche 28 octobre 2018
Ailes & Lui
Dans ses yeux, une part sombre brûlait en silence. Elle ne laissait rien paraître si ce n’est une douceur et une tendresse tellement fortes qu'on la croyait sincère. Pourtant, ce désir de chatouiller la part sensible présente en chacun de nous faisait fondre les barrières les plus solides. Pris au piège, je m’enfonçais paisiblement sans m'en rendre compte, dans une illusion digne des plus grands numéros de prestidigitation. J’avançais les yeux fermés vers une forme pure et dangereuse du mal. Mon cœur était serein et mon esprit léger. À aucun moment je ne vus la fin de mon monde.
Ses yeux violets, remplis de bienveillance me regardaient d'un air lointain et plein de gentillesse. Ses mains douces caressaient ma peau crispée par le temps qui avait fait son œuvre et l’amertume a délavé les morsures des années. Sa bouche rouge, laissait place quelques instants à des dents blanches et pointues. Son sourire n’était pas carnassier mais plutôt protecteur. J'ai souvent eu envie d'y plonger ma langue. J'apercevais sa poitrine soulevée par une respiration lente et calme. Son cou laissait entrevoir un battement profond et sensuel de sa carotide.
Quand je m’abandonnais dans ses bras souples je sentais étrangement une main se glisser dans mon corps et serrer mon cœur. Je voulais crier mais une présence dans ma bouche étouffait mon cri et mon sang semblait se refroidir.
Un jour, je sentis des canines atteindre ma gorge et s'enfoncer progressivement dans ma chair. Une force implacable envahissait mon esprit et embrasa mes sens en faisant couler le peu d'envie qu’il me restait. Je sentais sa présence dévorer ma volonté et la passion de m'accrocher à son flanc se précisait au fur et à mesure que je sombrais lentement dans un rêve sans lumière.
Je me noyais, perdu entre deux eaux, isolé dans un océan d'ouate. Le ciel faisait pleuvoir des plumes blanches tombées des nuages en lambeaux, déchirés par une tempête de larmes. Elles dessinaient dans l'air des arabesques pointues comme des milliers d’aiguilles visant le sol abîmé par les ailes agonisantes des anges meurtris. Mes yeux regardaient sans voir ces vestiges d'une vie passée à lutter contre un être dénué de bonté. J'eus de la peine pour le serviteur que j'aperçu, les cheveux au vent, flottant dans ma direction. Je ne reconnus pas le monstre qui me tenait à sa merci. Juste ses yeux rouges teintés d'un éclat améthyste me rappelaient vaguement quelqu'un.
Quand il s’empara de ma bouche dans un ultime baiser je vis la femme murée à l’intérieur de cette enveloppe vide de son contenu. Elle voulut me dire un mot mais son ravisseur bloqua ses paroles en buvant mon désespoir. Dans un éclair de lucidité j'empoignai sa nuque en serrant mes doigts sur cette vie qui s’échappait de mes veines. Ma main gauche réussit à se frayer un chemin dans sa gorge et attrapa le peu d’humanité qui subsistait encore, à savoir cette femme prisonnière de ses qualités. J'écartai la bouche de cette chose en me servant de mes mains et entendis craquer cette mâchoire féroce. Quand je tirai sa langue hors de son palais elle emporta dans son sillage toutes les humeurs malveillantes qui sommeillaient dans les bas-fonds des enfers.
Elle m'apparut aussi nue et fragile qu’une sirène échouée sur une plage déserte. Derrière elle, le soleil jaune faisait briller de ses larmes dorées le ciel noir et les nuages s'effilochaient en cascade de pluie. Recouvrant l'air infecté d’une pureté odorante de senteurs florales et dégoulinantes de rayons invisibles.
Avec un dernier regard et nos mains serrées nous nous sommes laissé aller dans un sommeil dévastateur. J’ai repris conscience, dans mon lit, des seins doux écrasant ma poitrine sur laquelle une marque en forme d'ailes semblait s'y être déposée. En baissant mon regard il plongea dans ces yeux si clairs et si infinis que je me laissai dériver, une fois de plus. Mais cette fois, avec un sentiment de force brutale. Je perçus un changement dans ses caresses manuelles. Elles étaient plus lisses et désireuses de m’emmener dans un endroit isolé, dans lequel nous serions à l'abri de nos envies.
Perdus dans une bulle, libres de nos pensées les plus sauvages. Nous laissions faire, le temps d'une étreinte charnelle, nos instincts dévorants et nous évader dans la liberté impitoyable d'une nature grandissante. Je sentais des envies monstrueuses de faire mal mais lové dans son regard mon cœur était prisonnier de ma victime. Je lui appartenais tant qu'elle me maintenait en vie. Si je lui échappais, elle disparaîtrait avec mon humanité et mon ascension dévorante de dominer les étoiles.
Elle est si belle, sa peau dorée parsème de morceaux de lumière les recoins sombres de mon âme. Je défais les lacets de mon esprit le reliant au maître qui m'a coincé dans cette prison décadente. Une dualité entraîne mon corps dans un combat entre les ailes de l'enfer et la blancheur noircie du ciel entrouvert sur une faille de la nébuleuse du cygne. Une entaille qui pénètre mes chairs d’une déchirure mordante et agressive. Je sens mon dos se modifier et mes os faire place à de nouveaux vestiges. J’avais peur de ne plus lui appartenir, de me sentir différent. Mais ce fût le contraire, cela nous a rapproché.
Nous avons gravi des sentiers hors du charnier natal et pris notre envol du haut des abîmes des arbres centenaires. Notre nouvelle vie commence et nous guide vers un étrange horizon d’étoiles. Je sais maintenant que mon destin n’est plus de me laisser mourir mais de vivre, emporté par une soif de découvrir une cime plus éphémère que les ruines de nos vestiges désenchantés. J’appréhende avec une certaine candeur les pensées les plus sombres qui me torturent en faisant douter ma deuxième aile.
Son regard brillant me transperce toujours avec autant de fougue que les premiers rayons du soleil. Elle dessine sur mon cœur des lettres incandescentes qui resteront emprisonnées dans les limbes de mon âme. J'aspire à ne pas oublier que je lui dois cette vie. Et qu’elle me doit la sienne.
D’eux égalent un.
Nous sommes uniques.
Nous sommes L et Lui…
Ailes
Ses yeux violets, remplis de bienveillance me regardaient d'un air lointain et plein de gentillesse. Ses mains douces caressaient ma peau crispée par le temps qui avait fait son œuvre et l’amertume a délavé les morsures des années. Sa bouche rouge, laissait place quelques instants à des dents blanches et pointues. Son sourire n’était pas carnassier mais plutôt protecteur. J'ai souvent eu envie d'y plonger ma langue. J'apercevais sa poitrine soulevée par une respiration lente et calme. Son cou laissait entrevoir un battement profond et sensuel de sa carotide.
Quand je m’abandonnais dans ses bras souples je sentais étrangement une main se glisser dans mon corps et serrer mon cœur. Je voulais crier mais une présence dans ma bouche étouffait mon cri et mon sang semblait se refroidir.
Un jour, je sentis des canines atteindre ma gorge et s'enfoncer progressivement dans ma chair. Une force implacable envahissait mon esprit et embrasa mes sens en faisant couler le peu d'envie qu’il me restait. Je sentais sa présence dévorer ma volonté et la passion de m'accrocher à son flanc se précisait au fur et à mesure que je sombrais lentement dans un rêve sans lumière.
Je me noyais, perdu entre deux eaux, isolé dans un océan d'ouate. Le ciel faisait pleuvoir des plumes blanches tombées des nuages en lambeaux, déchirés par une tempête de larmes. Elles dessinaient dans l'air des arabesques pointues comme des milliers d’aiguilles visant le sol abîmé par les ailes agonisantes des anges meurtris. Mes yeux regardaient sans voir ces vestiges d'une vie passée à lutter contre un être dénué de bonté. J'eus de la peine pour le serviteur que j'aperçu, les cheveux au vent, flottant dans ma direction. Je ne reconnus pas le monstre qui me tenait à sa merci. Juste ses yeux rouges teintés d'un éclat améthyste me rappelaient vaguement quelqu'un.
Quand il s’empara de ma bouche dans un ultime baiser je vis la femme murée à l’intérieur de cette enveloppe vide de son contenu. Elle voulut me dire un mot mais son ravisseur bloqua ses paroles en buvant mon désespoir. Dans un éclair de lucidité j'empoignai sa nuque en serrant mes doigts sur cette vie qui s’échappait de mes veines. Ma main gauche réussit à se frayer un chemin dans sa gorge et attrapa le peu d’humanité qui subsistait encore, à savoir cette femme prisonnière de ses qualités. J'écartai la bouche de cette chose en me servant de mes mains et entendis craquer cette mâchoire féroce. Quand je tirai sa langue hors de son palais elle emporta dans son sillage toutes les humeurs malveillantes qui sommeillaient dans les bas-fonds des enfers.
Elle m'apparut aussi nue et fragile qu’une sirène échouée sur une plage déserte. Derrière elle, le soleil jaune faisait briller de ses larmes dorées le ciel noir et les nuages s'effilochaient en cascade de pluie. Recouvrant l'air infecté d’une pureté odorante de senteurs florales et dégoulinantes de rayons invisibles.
Avec un dernier regard et nos mains serrées nous nous sommes laissé aller dans un sommeil dévastateur. J’ai repris conscience, dans mon lit, des seins doux écrasant ma poitrine sur laquelle une marque en forme d'ailes semblait s'y être déposée. En baissant mon regard il plongea dans ces yeux si clairs et si infinis que je me laissai dériver, une fois de plus. Mais cette fois, avec un sentiment de force brutale. Je perçus un changement dans ses caresses manuelles. Elles étaient plus lisses et désireuses de m’emmener dans un endroit isolé, dans lequel nous serions à l'abri de nos envies.
Perdus dans une bulle, libres de nos pensées les plus sauvages. Nous laissions faire, le temps d'une étreinte charnelle, nos instincts dévorants et nous évader dans la liberté impitoyable d'une nature grandissante. Je sentais des envies monstrueuses de faire mal mais lové dans son regard mon cœur était prisonnier de ma victime. Je lui appartenais tant qu'elle me maintenait en vie. Si je lui échappais, elle disparaîtrait avec mon humanité et mon ascension dévorante de dominer les étoiles.
Elle est si belle, sa peau dorée parsème de morceaux de lumière les recoins sombres de mon âme. Je défais les lacets de mon esprit le reliant au maître qui m'a coincé dans cette prison décadente. Une dualité entraîne mon corps dans un combat entre les ailes de l'enfer et la blancheur noircie du ciel entrouvert sur une faille de la nébuleuse du cygne. Une entaille qui pénètre mes chairs d’une déchirure mordante et agressive. Je sens mon dos se modifier et mes os faire place à de nouveaux vestiges. J’avais peur de ne plus lui appartenir, de me sentir différent. Mais ce fût le contraire, cela nous a rapproché.
Nous avons gravi des sentiers hors du charnier natal et pris notre envol du haut des abîmes des arbres centenaires. Notre nouvelle vie commence et nous guide vers un étrange horizon d’étoiles. Je sais maintenant que mon destin n’est plus de me laisser mourir mais de vivre, emporté par une soif de découvrir une cime plus éphémère que les ruines de nos vestiges désenchantés. J’appréhende avec une certaine candeur les pensées les plus sombres qui me torturent en faisant douter ma deuxième aile.
Son regard brillant me transperce toujours avec autant de fougue que les premiers rayons du soleil. Elle dessine sur mon cœur des lettres incandescentes qui resteront emprisonnées dans les limbes de mon âme. J'aspire à ne pas oublier que je lui dois cette vie. Et qu’elle me doit la sienne.
D’eux égalent un.
Nous sommes uniques.
Nous sommes L et Lui…
Ailes
Kaléidoscope
J’erre dans les serpentins festifs des désirs de mon âme. L'odeur charnelle des senteurs boisées ouvrent des effluves fleuris à mon esprit perdu dans des rivières à l’écume enchantée. Les parfums enivrants des corps entrelacés parsèment les chemins tortueux des limbes de mon cerveau endormi. Je traîne entre différents espaces qui ensablent de leurs traces indélébiles tels des nuages grimaçants de légèreté les veines de mon cœur fatigué.
Des vagues déconcertantes de caresses luisantes d’écume font frissonner mon corps délavé par le soleil couchant. L’écume aux lèvres je regarde d’un œil vide le lent travail de la mer sur les côtés abruptes de ces falaises sculptées dans l'infinie indifférence du temps. Le vent se fait sourd et entraîne dans ses sillons des déferlantes d'amertume qui viennent mourir sur le sable froid et impassible.
Je songe à m'enfoncer dans cette eau glaciale pour découvrir ce monde enfoui et connu des Atlantes. Une main me retient, des lèvres dépose un baiser sur ma joue, un souffle s’infiltre dans ma gorge sèche. Mon regard est perdu et fixe inlassablement une lune bleue tandis que des doigts m’attrapent par le bras. Je glisse le long de ce vide inopiné et tombe sans efforts dans un désert affectif. Cet espoir de finir détruit par une nuit, absorbé par les étoiles de ma solitude ravive une douleur fertile, écrasée entre une douceur et sécheresse aseptisée.
Je rêve d'y voir plus clair, grimaçant entre l'effort de me réveiller et celui de me perdre dans une tendresse dévorante de résister à l'enfer de rester immobile. Je me noie dans mes paroles et suffoque à l’idée de rester libre de ne pas être. J’hésite de paraître et de n’être qu’un morceau de viande, accroché à son crochet, pendant dans le vide blanc et implacable d'une chambre froide. Je cligne des yeux sous la froideur blanche et crue de cet éclairage glauque et glacial.
Les couleurs de ma vie me reviennent en mémoire. Elles sont aussi chaudes que le soleil, calmes et impétueuses que la mer, douces et libres que le vent. Éphémères et ouvertes que les fleurs. Noires et profondes que l'enfer.
Je vis sans buts mais je suis libre d’être ce que je veux. Je reste ici, prisonnier de mon corps mais ailleurs, sur cette île perdue dans l’horizon, à l'endroit où le soleil couchant s'enfonce dans la mer qui le reçoit toutes les nuits.
Et, ce, depuis que la terre est devenue elle-même
Des vagues déconcertantes de caresses luisantes d’écume font frissonner mon corps délavé par le soleil couchant. L’écume aux lèvres je regarde d’un œil vide le lent travail de la mer sur les côtés abruptes de ces falaises sculptées dans l'infinie indifférence du temps. Le vent se fait sourd et entraîne dans ses sillons des déferlantes d'amertume qui viennent mourir sur le sable froid et impassible.
Je songe à m'enfoncer dans cette eau glaciale pour découvrir ce monde enfoui et connu des Atlantes. Une main me retient, des lèvres dépose un baiser sur ma joue, un souffle s’infiltre dans ma gorge sèche. Mon regard est perdu et fixe inlassablement une lune bleue tandis que des doigts m’attrapent par le bras. Je glisse le long de ce vide inopiné et tombe sans efforts dans un désert affectif. Cet espoir de finir détruit par une nuit, absorbé par les étoiles de ma solitude ravive une douleur fertile, écrasée entre une douceur et sécheresse aseptisée.
Je rêve d'y voir plus clair, grimaçant entre l'effort de me réveiller et celui de me perdre dans une tendresse dévorante de résister à l'enfer de rester immobile. Je me noie dans mes paroles et suffoque à l’idée de rester libre de ne pas être. J’hésite de paraître et de n’être qu’un morceau de viande, accroché à son crochet, pendant dans le vide blanc et implacable d'une chambre froide. Je cligne des yeux sous la froideur blanche et crue de cet éclairage glauque et glacial.
Les couleurs de ma vie me reviennent en mémoire. Elles sont aussi chaudes que le soleil, calmes et impétueuses que la mer, douces et libres que le vent. Éphémères et ouvertes que les fleurs. Noires et profondes que l'enfer.
Je vis sans buts mais je suis libre d’être ce que je veux. Je reste ici, prisonnier de mon corps mais ailleurs, sur cette île perdue dans l’horizon, à l'endroit où le soleil couchant s'enfonce dans la mer qui le reçoit toutes les nuits.
Et, ce, depuis que la terre est devenue elle-même
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