Je m'endors doucement, sombrant dans les limbes opaques et dénaturés de mon esprit. J'entends la douce musique aérienne du marchand de sable au loin. Mais cette fois-ci je n'ai pas envie de le laisser m’emporter. Empruntant un passage je m’enfonce dans les chemins escarpés de mes rêves. Je glisse sans un bruit sous le tapis du vent, distillant son souffle à celui de mes pas. J'aborde un champ de lavande, humant les senteurs avec ardeur.
M'écroulant parmi les herbes sauvages je savoure le prix d’être réveillé. Puis, je m'évade en surfant sur la vague de légèreté. Je m'envole, aspiré par le ciel et consume une mèche folle sur l'autel du soleil.
En chute libre, je vois la mer se rapprocher avant de noyer mes cris dans ses bras. Me laissant embarquer par un dauphin, je gagne la plage brûlante d’une île sans nom.
M'allongeant sur le sable blanc, j’ai fermé les yeux, l’espace d'un instant. Le temps de me retrouver en apesanteur, flottant dans l’espace imaginaire de mon cerveau. Je dérive à la recherche de sensations extravagantes. J’erre entre çà et là, parmi la réalité de mon intemporalité.
J’explore la carte de mes désirs, naviguant sur la barque de mes délires, poussé par un souffle dégrisé et envoûtant. Je suis mon instinct à la trace, happant les perles de joie, aspirant les effluves d’insouciance et m’affale, repu, dans un délice au miel polaire.
Fourbu et émerveillé par l’extase de mes aventures, la sonnerie de mon réveil m’a ramené dans le monde du réel. Une voix au loin m’a demandé si je comptais passer toutes mes nuits sans lui.
Chut, je ne suis pas encore réveillé…